International Journal of Environmental Studies, 2015
Vol. 72, No. 2, 265–287, http://dx.doi.org/10.1080/00207233.2014.961270
Exploitation de bambous (Sinarundinaria alpina
(K. Schum.) C.S. Chao & Renvoize), cause des
conflits entre le Parc National de Kahuzi-Biega et
la population environnante: stratégie de
conservation et de résolution de conflit
ADOLPHE CHIBEMBE SAFARI†, RADAR NISHULI BIRHASHIRWA‡,
FÉLICITÉ KAMWANGA FATUMA§
ET JEAN DE DIEU MANGAMBU MOKOSO¶,‖*
†Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, Direction Provinciale du Sud-Kivu, Service de
recherche, Bukavu, 852 B.P: 570 Bukavu, R.D. Congo; ‡Institut Congolais pour la Conservation de
la Nature, Site du Parc Nationale de Kahuzi-Biega, Tshivanga, BP: 852 Bukavu, R.D. Congo;
§Barreau de Bukavu, O.N.A: 5075. Sud-Kivu/R.D. Congo; B.P 30 Cyangugu/RWANDA;
¶Université Officielle de Bukavu, Faculté des Sciences, Département de Biologie, Laboratoire de
Systématique Végétale et de Biodiversité, BP: 570 Bukavu, R.D. Congo; ‖Université d’Anvers/
Belgique, Département de Biologie, Universiteitsplein 1-C, B-2610 Antwerp-Wilrijk, Belgique
Sinarundinaria alpina est une espèce de bambou de montagne qui est aujourd’hui à la base d’un
conflit entre les gestionnaires du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) et la population riveraine.
Cette espèce rencontrée dans la zone des montagnes subit des menaces par cette dernière en vue de
satisfaire leur besoin pour diverses catégories d’usages. Nous avons installé six parcelles permanentes, chacun de 3 hectares entre 2000-3000 mètres d’altitude et nous avons effectué des inventaires
floristiques. En outre, nous avons aussi prélevé des menaces des exploitations de bambous dans le
PNKB. Toutes les données ont été quantifiées à l’aide des analyses statistiques. Les résultats obtenus
ont montré que 196 espèces différentes existent dans ces six parcelles permanentes du groupement
de bambous. La position de ce groupement à Sinarundinaria alpina dans la dynamique de
reconstitution des forêts ombrophiles est confirmée par la présence des arbres arborescents et les
pépinières de ces arbres. Les mêmes résultats révèlent que 53 espèces, soit 27% des plantes observées, dont les jeunes pousses de Sinarundinaria alpina, interviennent dans l’alimentation de grand
singes, notamment le Gorille de Grauer (Gorilla beringei graueri). Cette forêt apparaît donc comme
l’un de leurs habitats essentiels. La diminution de la surface occupée par les bambous est due
premièrement aux actions anthropiques qui sont suivies des menaces naturelles (envahissement de la
liane Sericostachys scandens, dépérissement du bambou du PNKB et de l’attaque de coléoptère).
Suite à ces diagnostics, des options stratégiques ont été formulées. Plusieurs points forts ont été
notés, notamment sur la multiplication des pépinières de repiquages et des distributions auprès de la
population riveraine qui permettent de présager un fort développement de cette filière dans le futur.
Cette étude constitue un point de départ pour une investigation plus approfondie.
Mots-clés: Sinarundinaria alpina; Conflit; Stratégie de conservation; PNKB; RDC
Sinarundinaria alpina is a species of mountain bamboo which is a source of various conflicts
between the managers of the Kahuzi-Biega National Park (KBNP) and surrounding communities.
*Auteur correspondant. Courriel: mangambu2000@yahoo.fr
© 2014 Taylor & Francis
S.A. Safari et al.
266
This mountainous species is threatened by these communities to meet their need for various uses.
Six permanent plots of 3 hectares were set between 2000–3000 metres above sea level and floristic
inventories were made. In addition, information related to anthropogenic threats related to bamboo
exploitation was recorded. All data were analysed using quantitative statistical parameters. Results
suggest the existence of 196 species in these six permanent plots of the group Bamboo. The position of this Sinarundinaria alpina vegetation in the dynamic rainforest recovery dynamics is confirmed by the presence of trees and tree-nurseries of these trees. Fifty-three species, 27% of the
plants observed, including Sinarundinaria alpina seedlings, contribute to the daily feeding of great
apes, mainly Grauer’s Gorilla (Gorilla beringei graueri). This forest appears to be one of their critical habitats. The decrease in the area covered by bamboos is due primarily to anthropogenic activities but also some natural hazards (expansion of Sericostachys scandens, natural fading of
Bamboo and attacks by beetles). Following these findings, conservation strategies were proposed.
Several strengths were noted, including multiplication of bamboo nurseries and distribution of seedlings to local communities. This can be seen as a strong development of this sector in the future.
This study is a preliminary assessment for further investigation.
Keywords: Sinarundinaria alpina; Conflict; Conservation Strategy; KBNP; DRC
Introduction
Les régions montagneuses des forêts tropicales présentent une grande diversité sur le plan
structural et floristique et font partie des écosystèmes les plus complexes et importants du
point de vue de la richesse floristique, mais elles subissent un rythme de disparition à pas
géant [1–3]. La menace majeure que connaît cette forêt provient de multiples besoins de
l’homme [4,5]. Cette modification de la forêt, engendrée par l’exploitation, présente deux
aspects: ouverture de la canopée et conséquences sur la végétation subsistante et sur le sol.
L’exploitation sélective (écrémage), limitée à une ou à quelques espèces d’arbres ayant un
diamètre minimal, peut aboutir à la formation de quelques clairières par hectare relativement restreintes. Une telle exploitation fera disparaître certaines espèces et les arbres de
certaines dimensions [6,7].
Le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), en République Démocratique du Congo
(RDC), se trouve dans la partie sud de la chaîne Kivu-Ruwenzori (Province du Sud-Kivu)
aux environs de la ville de Bukavu. Malgré son statut de domaine de conservation, le Parc
n’est pas épargné de cette situation. Depuis longtemps, la population riveraine du PNKB,
dans sa partie de haute altitude exerce une pression anthropique sur le Sinarundinaria
alpina (bambou) de cette aire protégée. C’est une espèce de monocotylédone: sous-famille
de Bambousoideae, famille des Poaceae, ordre des Poales.
C’est une espèce de bambou sempervirent à court rhizome atteignant 11,3 centimètres
d’épaisseur, et à tiges habituellement peu groupées; tige (chaume) érigée, atteignant 21
mètres de haut et 12,5 centimètres de diamètre, jaunâtre à maturité, creuse, à paroi épaisse,
à nombreux nœuds, abondamment ramifiée. Ses feuilles sont alternes, simples et les
caulinaires engainantes. Son inflorescence est en panicule terminale. C’est une plante originaire d’Afrique, au centre d’endémisme afro-montagnard [3,8,9]. D’après les mêmes
auteurs, elle se trouve en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, au Burundi, en
RDC, au Rwanda, au Malawi, au Zimbabwe et en Zambie, parfois elle déborde cette
région (figure 1) devenant une espèce de liaison afro-montagnarde/guinéo-congolaise/
soudanienne (Cameroun, République du Congo et Soudan du Sud).
Depuis deux décennies, la région du Kivu subit une forte dégradation environnementale
et une perte de ses ressources naturelles; celles-ci sont liées à la surpopulation, aux
multiples guerres et conflits sociaux ainsi qu’à la pauvreté [12]. Parmi les plantes les plus
menacées, on peut citer le bambou, dont son exploitation artisane et sa vente sont
Exploitation de bambous
267
Figure 1. Carte du Parc National de Kahuzi-Biega, Mangambu et al. [10] et la carte africaine montre la
distribution de l’espèce Sinarundinaria alpina [11].
devenues des activités génératrices des revenus pour certains ménages de la population
riveraine du PNKB. D’après Mangambu [4], la forêt de bambous située dans la partie
haute altitude, est l’un des principaux écosystèmes du PNKB. On n’estime que 37% de la
superficie totale de la zone de montagnes. La coupe de bambou du PNKB est interdite par
la loi N°13/003 régissant la conservation de la nature en RDC [13]. Dans ce sens, un conflit ouvert a été déclenché entre la population riveraine et les gestionnaires du Parc suite
aux fréquentes arrestations des coupeurs. Dans le cadre de l’approche participative prônée
par le PNKB sous financement de la Coopération internationale allemande (GIZ), une
stratégie de domestication des bambous a été envisagée en 2000.
Notre étude se propose d’enrichir la base de données dans ce domaine et vise encore à
établir des stratégies solides de ce site du patrimoine de l’UNESCO pour la sauvegarde de
cette espèce. L’hypothèse centrale posée dans notre étude est que le conflit lié à l’exploitation des bambous sera-t-il résolu entre la population riveraine et les gestionnaires de ce site
par sa domestication?
Les objectifs consignés sont: (i) inventorier les espèces du groupement à Sinarundinaria
alpina et montrer son importance floristique et son intervention dans l’alimentation de
grands singes, (ii) donner les traits floristiques et physionomiques de ce groupement, (iii)
268
S.A. Safari et al.
montrer les principales menaces concernant l’extinction des bambous, (iv) déterminer
l’usage de cette espèce par la population environnante du PNKB, (v) établir des stratégies
de conservation et de résolution des conflits entre les gestionnaires du Parc et la population
riveraine.
Pour cette raison, notre discussion est orientée sous l’angle fonctionnel, révèle cette
végétation comme un des habitats essentiels et menacés au sein du PNKB. Cela plaide
pour l’amélioration de sa conservation et renforce la connaissance du PNKB comme l’un
des principaux refuges écologiques en vertu desquels le Rift Albertin est un véritable
hotspot de la biodiversité [1,2].
Méthodes
Zone d’étude
Notre étude est effectuée au Parc National de Kahuzi-Biega, d’une superficie de 6000km2
(figure 1). Ce Parc fut créé en 1970 [4] pour protéger les gorilles des plaines orientales
(Gorilla beringei graueri Matschie) et leur habitat [4] (figures 2a et 2b). Il comprend deux
sommets principaux qui sont des volcans éteints, le Kahuzi d’une altitude de 3308 mètres
et le Biega d’une altitude de 2790 mètres, et se situe dans la partie sud de la chaîne de
montagnes Kivu-Ruwenzori, d’axe NNE-SSW, longeant, à l’ouest, le Rift Albertin [4],
entre les deux centres d’endémisme guinéo-congolais et afro-montagnard [4,14].
Selon leur physionomie et leur composition floristique, en fonction de l’altitude, les
forêts du PNKB se différencient en étages planétaire (678–1250m), submontagnard
(1250–1700m), montagnard (1700–2600m) et afro-subalpin (2600–3326m) [15]. Dans son
ensemble, la région bénéficie de climats de montagne (du type Cf de Köppen), avec des
pluies abondantes, oscillant entre 1750–2000 millimètres par an [14]. Au mont Kahuzi,
avec les gelées nocturnes, on trouve un climat afro-alpin. L’humidité atmosphérique est
constamment élevée parallèlement à la variation de la couverture nuageuse. La durée de la
saison sèche ne dépasse pas deux mois [14,16]. La température varie selon l’altitude, et le
sol est superficiel et acide [15].
Figure 2a et 2b. Vue de la forêt à Sinarundinaria alpina et gorille qui mange une jeune pouse de bambou
Source: Chimbembe et Mangambu.
Exploitation de bambous
269
Collecte des données
Le dispositif d’échantillonnage est composé de six placeaux permanents de 3 hectares chacun. Pour chaque étage de végétation, nous plaçons deux placeaux permanents délimités
de la manière suivante : deux placeaux installés entre 2050–2300 mètres (étage de montagne horizon moyen), deux entre 2300–2600 mètres (étage de montagne horizon supérieur)
et deux restantes entre 2600–3000 mètres (étage afro-subalpin) d’altitude (figure 3). Cette
disposition est inspirée de Gentry [17] et Tuomisto et al. [18] qui utilisent les parcelles
considérées comme des ensembles homogènes, ce qui permet d’inventorier les espèces
dans un peuplement donné, en vue d’évaluer son impact. Les coordonnées sont prises sur
le terrain à l’aide d’un GPS (marque Garmin 62), suivant les critères d’emplacement des
parcelles de l’échantillonnage.
Vérifications taxonomiques des espèces
Les identifications des espèces amorcées sur le terrain ont été vérifiées à la fois par comparaisons avec les spécimens de référence conservés aux herbiers du Centre des Recherches en Sciences Naturelles de Lwiro et de l’INERA Mulungu en RDC. En plus nous
avons utilisé les flores et ouvrages botaniques concernant l’Afrique tropicale
[19,20,21,22,23,24] et les catalogues de mise à jour taxonomique de Lebrun et Stork
[25,26,27,28] et Roux [29].
Figure 3.
Représentation schématique de la localisation de dispositif.
S.A. Safari et al.
270
Analyses statistiques
Pour les analyses, une multitude d’indices est développée, les principaux indices utilisés
ont été traités par le logiciel PAST [30]:
- La moyenne arithmétique (X ): ou empirique d’une série statistique est la moyenne ordinaire [31], c’est-à-dire le rapport de la somme d’une distribution (x1+x2+…….x n) d’un
caractère statistique quantitative discret par le nombre de distribution (n) (équation 1).
n
1X
X þX þX þ::::::::Xn
X ¼ 1 2 3
¼
xi
n i¼1
n
Equation 1
- L’indice de diversité de Shannon (H’): indique la richesse en espèces au sein d’un
écosystème local (Shannon, 1949 repris par Grall et Hily [32] (équation 2).
H’ ¼
X Ni
N
log2
Ni
N
Equation 2
Ni est le nombre total d’individus d’une espèce donnée (i variant de 1 à∑), ∑ le nombre
total d’espèces et N le nombre total d’individus.
- L’équitabilité de Piélou (EQ): est le rapport de la diversité d’un peuplement ou d’un
échantillon et le nombre N d’espèces présentes. Il exprime la régularité, la répartition
équitable des individus au sein des placettes [32] (équation 3).
EQ ¼
ISH
log2 N
Equation 3
- Indice de diversité de Margalef (D): mesure la richesse spécifique [33] et montre une
relation linéaire parfaite entre cet indice et la richesse spécifique [34]. Il se traduit par
la formule suivante (équation 4):
D¼
ðS 1Þ
lnðN Þ
Equation 4
Avec S (nombre d’espèces) et N (nombre d’individus), soit le nombre de présences
dans les placeaux.
- L’indice de Simpson (S): est la mesure de probabilité entre deux individus sélectionnés au hasard appartenant à la même espèce (le maximum de diversité étant représenté par la valeur 1, et le minimum de diversité par la valeur 0 [35]. C’est la
probabilité que deux individus appartiennent à la même espèce dans une communauté
de taille ni [34] (équation 5).
S¼
X
fi2 Avec fi ¼
ni
N
Equation 5
Exploitation de bambous
271
Résultats
Étude floristique du groupement à Sinarundinaria alpina au PNKB
Au PNKB le groupement à Sinarundinaria alpina apparaît aux environs de 2000 mètres et
peut remonter, comme c’est le cas au Kahuzi, jusqu’à 3000 mètres d’altitude. Sur les 18
hectares couvrant nos inventaires dans six placeaux, nous avons inventorié 196 espèces
reparties de la manière suivante: 162 des Phanérophytes (soit 82,6%) et 34 (soit 27,4%)
sont des fougères et leurs alliées (annexe 1).
D’après leur morphologie, il y a une dominance des plantes ligneuses avec un taux
spécifique de 54%; les herbacées représentent 46% de la flore. Parmi les plantes ligneuses,
les arbustes dominent avec 17% d’espèces. Parmi les herbacées, les plantes vivaces (31%)
dominent les plantes annuelles (16%).
Deux types de groupement à S. alpina sont rencontrés dans la zone de montagnes du
PNKB. Le premier constitue des groupements homogènes formés par l’espèce S. alpina et
l’autre formé par S. alpina, mêlée à quelques arbres pour former la forêt mixte de bambous. La strate supérieure atteint 28 mètres de hauteur et elle est composée uniquement de
Sinarundinaria alpina. Dans le sous-bois règne une demi-obscurité peu favorable au développement d’une strate inférieure dont le recouvrement ne dépasse jamais 15 à 20%. On y
trouve Pilea bambuseti, P. ceratomera, P. johnstonii, P. rivularis, Laportea alatipes, divers
Polypodiaceae et très souvent des jeunes Podocarpus milanjianus.
Physionomie, structure verticale du groupement à Sinarundinaria alpina au PNKB
Le groupement à Sinarundinaria alpina du PNKB est une végétation variée et dense. La
moyenne d’individus de bambou est de 6,14 pieds par m². La canopée étant supérieure à
75% de couverture, il s’agit donc d’une végétation fermée. Une proportion importante de
bambous morts a été observée, soit 23,93% des individus observés. La physionomie de
peuplement du groupement se caractérise par quatre strates (annexe 1):
- la strate arborescente supérieure, d’une hauteur de 23 à 27 mètres et ne fournissant
qu’un cinquième du nombre, englobe des espèces inventoriées. Les espèces les plus
importantes dans cette strate sont: Podocarpus milanjianus, Polyscias fulva, Carapa
grandiflora, Chrysophyllum africanum, Syzygium guineense et Tabernaemontana johnstonii. Leurs houppiers très discontinus laissent passer beaucoup de lumière, ce qui
favorise l’expansion de bambous, héliophiles dominants dans l’étage sous-jacent.
- la strate arborescente inférieure, atteint la hauteur de 20 mètres dans certains endroits
comme l’étage de montagne en horizon inférieur. Son recouvrement est supérieur à la
moitié de la surface de la forêt observée. Ici nous avons des espèces comme Dombeya
goetzenii, Macaranga kilimandscharica, Maesa lanceolata, Neoboutonia macrocalyx et
Sinarundinaria alpina.
- La strate arbustive, haute de 6 à 8 mètres renferme des hémi-scyaphytes, plus
nombreuses que les espèces de chacune des autres strates (annexe 1). Les principaux
arbustes recensés à ce niveau sont notamment Galiniera coffeoides, Canthium
hispido-nervosum, Canthium oligocarpum, Pleicarpa pycnantha, Rytiginia bugoyensis,
Rytiginia kivuensis et Xymalos monospora.
S.A. Safari et al.
272
Les espèces qui forment ce cortège floristique global ont été classées en fonction de
leurs affinités respectives. C’est là que foisonnent presque toutes les lianes du groupement
(Jasminum abyssinicum, Jaundea pinnata, Periploca linearifolia, Rhynchostigma racemosum, Rubus steudneri, Rutidea syringoides, Stephania abyssinica, Tacazzea apiculata et
Urera hypselodendron). Plus de la moitié des épiphytes observées (Polystachya cultriformis, Polystachya virginea, Peperomia arabica, Drynaria laurentii, Asplenium sthulmannii,
Drynaria laurentii, Drynaria volkensii, Canarina eminii, Lepisorus excavatus et Pleopeltis
lanceolata) sont représentées dans cette strate.
- La strate sous-arbustive et herbacée, atteignant 2 mètres de hauteur comprend environ un tiers des espèces recensées dans le peuplement. Parmi les herbes (Acalypha
psilostachya, Achyranthes aspera, Brillantaisia patula, Plectranthus laxiflorus,
Thunbergia alata, Thunbergia stuhlmanniana, Satureja pseudosimensis, Justicia flava,
etc.) qui forment la strate herbacée, nous avons aussi noté dans cette strate des plantules d’arbres cités: Chrysophyllum africanum, Tabernaemontana johnstonii, Entandophragma excelsum, Cyathea manniana et Podocarpus milanjianus.
Détermination des indices de diversité dans le peuplement à Sinarundinaria alpina
Les indices de diversité utilisés confirment la diversité dans ce groupement à Sinarundinaria
alpina au PNKB. L’indice de Shannon tout comme ceux de Margalef et de Simpson sont
plus élevés dans les forêts de bambous de montagnes du PNKB. Ce qui stipule une richesse
spécifique élevée et une équitabilité au sein des placeaux de cette forêt ou de cet écosystème
mono dominant des bambous (c’est-à-dire montre donc une équitabilité élevée au sein de
groupement de bambous dans trois étages de montagne du PNKB). L’équitabilité de Piélou
calculée en considérant les espèces recensées sur chacun des six placeaux est 1 (tableau 1).
Cette forte valeur (1) reflète partout une distribution équitable de ces espèces sur les
massifs du PNKB dans deux étages parcourus. Ceci montre aussi l’ubiquité de la correspondance des sites prospectés d’un grand nombre d’espèces sur l’étendue totale de
l’échantillonnage, peu d’entre elles sont confinées sur un intervalle altitudinal restreint.
Une interprétation complémentaire (tableau 1) de cette situation est donnée lors de la discussion des résultats.
Les sites forment deux blocs suivant qu’ils sont d’horizons moyen ou supérieur de
l’étage montagnard (S1, S2, S3 et S4) et de l’étage afro-subalpin (S5 et S6).
Pour les sites de l’étage montagnard, il s’observe un niveau de regroupement suivant les
sites de récolte (figure 4). Mais du vue de diversité spécifique d’espèces, S5 est plus
Tableau 1.
Taxa_S
Dominance_D
Simpson_1-D
Shannon_H
Margalef
Equitability_J
Calcul de valeurs moyennes des indices de diversité dans les différentes placettes.
S1
S2
S3
S4
S5
S6
140
0,007
0,993
4,942
28,13
1
139
0,007194
0,9928
4,934
27,97
1
146
0,006849
0,9932
4,984
29,1
1
132
0,007576
0,9924
4,883
26,83
1
107
0,009346
0,9907
4,673
22,68
1
74
0,01351
0,9865
4,304
16,96
1
Les sites forment deux blocs suivant qu’ils sont d’horizons moyen et supérieur de l’étage montagnard (S1, S2, S3 et S4) et de
l’étage afro-subalpin (S5 et S6).
Exploitation de bambous
Figure 4.
273
Correspondance des sites prospectés (regroupement suivant les sites des récoltes).
Tableau 2.
Hiérarchisation des menaces de bambous suivant les critères d’analyse utilisés.
Menaces inventoriés
Étages parcourus
Altitude
Coupe de bambou
Envahissement par
Sericostachys scandens
Dépérissement des bambous
Maladie
Total
Superficie endommagé
Intensité
Σ/12 hectares
E.M/HI
2000–2300m
1,9 ha
0
E.M/HS
2300–2300m
0,9
0,35
E. A SA
2600–3326m
0
0
10
4
10
9
0,2 ha
15
16
1,9 ha
0,35
0,1
1,7 ha
0,2 ha
136
136
Légende: E.M/HI: étage de montagne/horizon inferieur, E.M/HS: étage de montagne/horizon supérieur et E. A SA: étage
afro-subalpin.
diversifiée que S6, car S5 regroupe à la fois les espèces des étages montagnards et afrosubalpin, tandis que S6 contient que les espèces afro-subalpin. Quelle que soit cette
situation, les résultats montrent une affinité floristique prononcée entre les sites qui se
trouvent dans le peuplement de bambous au PNKB.
Analyse des menaces de bambous au PNKB
Nos enquêtes sur le terrain montrent deux sortes de pressions qui sont exercées sur les
bambous du PNKB. La hiérarchisation des menaces pour l’ensemble de cet écosystème est
présentée dans le tableau 2. Il découle de ce tableau, qu’une pression anthropique vient en
première place. Cela est due aux activités de coupe des bambous du Parc. Mais, il existe
aussi d’autres pressions sur les bambous du PNKB. Il s’agit de pression naturelle qui est
due:
S.A. Safari et al.
274
aux phénomènes naturels de dépérissement du Bambou,
à l’envahissement de la liane Sericostachys scandens et
à l’attaque de coléoptère Dinoderus s’observent dans le Parc (tableau 2).
Ces conséquences ont créé le sèchement et la perte de bambous dans des vastes étendues
des forêts sur les mont Kahuzi et Biega (tableau 2).
Discussion
Formation de Sinarundinaria alpina
Le bambou creux est présent de manière extensive surtout dans les hautes montagnes de la
ligne de partage des eaux entre le Nil et le Congo, et s’étend vers l’est (500,000 ha, dont
plus de 100,000 ha en RDC, en Éthiopie ainsi qu’au Kenya [11]. Au Cameroun, sa superficie est inférieure à 20,000 hectares. Son caractère grégaire se traduit généralement par
des peuplements comportant plus de 5000 tiges adultes/hectare en mélange avec des arbres
afro-montagnards, et jusqu’à 40,000 tiges par hectare en peuplements purs [11,36,37].
L’espèce en tant que telle ne donne pas lieu à des échanges internationaux, mais il existe
un commerce dans les pays où cette plante pousse [11,37,38]. Avec l’état actuel de
l’exploitation non contrôlée, cette aire de la RDC sera diminuée en considérant les activités
illégales au PNKB [39].
En comparant notre flore avec la flore du Kenya sur le plan richesse taxonomique, nous
constatons que la flore du PNKB est riche avec 196 espèces par rapport à l’inventaire
effectué sur toute la végétation de bambous du Kenya par Hemp [40] qui n’a inventorié
que 128 espèces différentes et en Uganda, 139 espèces sur 28 hectares [11].
Importance floristique de bambou du PNKB
L’originalité esthétique de Sinarundinaria alpina est inhérente au port arborescent et à son
feuillage. Cela contribue indubitablement à l’attrait du PNKB pour le tourisme de vision
susceptible de générer des revenus sur lesquels l’État de la RDC et les riverains du Parc
sont en droit de miser (figures 2a et 2b). Toutefois, c’est en tant qu’habitat que ce
peuplement se révèle très important [16]. Nous avons vu que le groupement de bambou du
PNKB rassemble son ensemble [3,41]. Cette phytodiversité est bénéfique aussi pour la
faune, tel que le témoigne la littérature de primatologie consultée [41–48] pour l’alimentation du gorille de montagne (Gorilla beringei graueri) et des observations effectuées sur
les chimpanzés (Pan spp.), les babouins (Papio ssp.) et de nombreux singes
(Cercopithecus spp., Colobus spp., Cercocerbus spp.) du PNKB.
Les résultats obtenus démontrent que 53 espèces, soit 27,06% des plantes du
groupement à Sinarundinaria alpina étudié constituent la nourriture de ces singes (annexe
1). De ces plantes reconnues pour leur fruit préféré par des chimpanzés du PNKB, 10 font
partie du cortège floristique de ce groupement. Il s’agit de: Bridelia brideliifolia, Myrianthus holstii, Symphonia globilifera, Syzygium guineense, Dombeya goetzenii, Cassipourea
ruwenzoriensis, Maesa lanceolata, Ekebergia mildbraedii, Chrysophyllum africanum et
Ficus spp. Cependant, les organes végétatifs sont les plus impliqués. Cela est reflété par la
contribution de bambous, car les jeunes pousses de cette espèce sont consommées, et les
primates restent dans la forêt de bambous pendant quatre mois (septembre-décembre) de
chaque année.
Exploitation de bambous
275
Usage et commercialisation
Au PNKB, les pressions diverses s’accentuent au jour le jour sur les ressources naturelles
en général et forestières en particulier à cause de la pauvreté et de l’augmentation de la
population riveraine du Parc [10,12,15,49]. Les tiges entières de bambou creux servent à
la construction de huttes, surtout comme chevrons, poutres et clôtures. Nos observations
sur les marchés de bambous dissimulés dans les villages autour du PNKB en groupements
de Bugobe, Cirunga, Ciriri et à Ikoma confirment cet argument.
Nos enquêtes montrent que les intermédiaires écoulent leurs marchandises à Bukavu, la
principale ville qui utilise plus les bambous du PNKB. Ces marchés mobilisent plus de
600 personnes et permettent de réaliser un montant estimé à peu près à 800,000 $US par
an. Le coupeur des bambous du PNKB gagne un revenu mensuel de plus ou moins 40 à
50 $US et 9 à 12 tonnes de bambous sont vendus chaque jour soit 1,5 à 2 hectares de
forêt déboisée par jour [50]. Les enquêtes menées par Munyuli [51], aux environs du
PNKB, montrent que 6% de la superficie de forêt des bambous du Parc est dévasté par les
villageois par an. Le même auteur [51] dans ces recherches, estime que plus de 15,000
tiges de bambous sont coupées par an, alors que le taux de régénération de bambous ne
dépasserait pas 7790 tiges par an et par hectare [37,51].
Les mêmes phénomènes ont été manifestés sur les monts Porotos de Tanzanie [11]. Les
villages entiers sont construits avec les bambous, et des tuyaux à eau en bambou creux
approvisionnaient quelque 100,000 personnes dans les années 1980 [37,52]. Quelques
entreprises spécialisées produisent du mobilier en bambou. En Tanzanie et au Kenya, on
tisse le bambou fendu pour en faire des paniers et des pots de stockage [11]. En Ouganda,
on en fait des ruches, les tiges sèches servent de combustible et les turions sont commercialisés comme légume (au mont Elgon, sur la frontière entre le Kenya et l’Ouganda)
vendu en Chine et Thaïlande [8,11,37]. Les feuilles et les fines ramilles servent de fourrage
pour le bétail [2,36]. Sinarundinaria alpina est également apprécié pour la conservation
des sols, car c’est une couverture de bassin versant plus efficace que les arbres [37,41,51].
La préférence économique du bambou (Sinarundinaria alpina) serait liée à sa longue
résistance contre les attaques des charançons (Dinoderus sp.) et celles d’autres insectes
xylophages (résistance évaluée à plus de 20 ans [24,40]). En dehors de son usage dans les
travaux de construction, le bambou permet aussi la production d’une bonne pâte à papier,
selon Hemp [40].
Pressions exercées sur la forêt des bambous et conséquence au PNKB
La pression humaine exercée sur le bambou du PNKB s’observe depuis très longtemps à
répondre à certains besoins vitaux, la population riveraine se livre à la coupe les bambous
[41], sans savoir que la forêt des bambous joue un rôle capital dans la régulation de l’effet
de serre dans les grands équilibres climatiques et constitue le plus grand réservoir de biodiversité de la planète [11,41,53]. Elles protègent les sols contre l’érosion, améliorent le
microclimat en réduisant la température au niveau du sol et assurent le maintien des qualités nutritives du sol [54,55]. La diminution ou la dégradation de cette forêt pourrait avoir
un impact sur la composition et la dynamique de la faune. Ces pressions anthropiques
créent des dégradations et des changements naturels ou artificiels de la végétation du
PNKB [4].
Les perturbations et les conséquences altèrent non seulement la richesse spécifique,
l’abondance des espèces mais aussi la diversité génétique [6], le taux de croissance des
276
S.A. Safari et al.
populations, les interactions entre espèces ou encore la dispersion des individus et leur taux
de prédation ont un effet négatif sur les mouvements de gorille (Gorilla beringei graueri),
l’animal phare en voie de disparition au PNKB. Une agression permanente se montre dans
les parcelles perturbées due à la coupe des bambous, qui se traduit par une modification de
la composition floristique de canopée et parfois le sous-bois devenu très pauvre.
Les résultats obtenus par Mangambu [4] admettent que dans l’étage afro-subalpin du
PNKB, certains groupes de plantes, comme les Ptéridophytes sont vulnérables aux changements qui s’opèrent au PNKB. Les actuels changements climatiques observés actuellement
sur le couvert végétal dans le PNKB, nous amène à penser qu’il aura des disparitions de
certaines espèces rares et endémiques qui se trouvent dans l’étage afro-subalpin.
Dans la forêt des bambous de cet étage [4], il y a des plantes tel que Dendromus
kahuziensis (Bryophytes), Lycopodium carolinum (Ptéridophytes), Pertusaria kahuziensis
(Ascomycètes), Pauridiantha kahuziensis (Rubiaceae) et Psychotria kahuziensis
(Rubiaceae) et des animaux comme Angustivestris kahuziensis (Gastropoda), Cercopithecus
hamlyni kahuziensis (Primates), Styposis kahuziensis (Arthropoda), Tetrabates kahuziensis
(Arachnida) et Oreopaederus kahuziensis (Coleoptera) qui sont endémiques du mont
Kahuzi. Ces espèces caractéristiques de cet étage devraient être conservées afin de mieux
les utiliser comme espèces indicatrices [4].
Les mêmes constats sont faits par Plumptre [1] dans la région de Misotshi-Kabogo qui
englobe la chaîne de mont Marungu et le massif de mont Kabobo à l’est de la RDC. Dans
ces sommets on trouvait une forêt des bambous vers les années 1995 [1]. Ce peuplement
n’existe plus [2]. Le Chimpanzé de Schweinfurth (Pan troglodytes schweinfurthii), espèce
endémique de ce massif qu’on observait dans tous les étages est devenu rare et vu que
sporadiquement en pleine forêt.
Implications à la conservation de la biodiversité du PNKB
La forêt du PNKB est la seule forêt proche de la ville de Bukavu pour laquelle elle joue
un rôle de premier plan dans la régularisation du climat urbain [2,3,12]. Nous pensons que
Figure 5. Les jeunes pousses des bambous produits dans les jardin d’essai au PNKB.
Source: Chibembe.
Exploitation de bambous
277
Figure 6a et 6b. Carte de quelques sites d’expérimentation de plantation de bambou (sites de Mucira, Mukumba,
Molongo et Mwera).
278
S.A. Safari et al.
les conflits avec le Parc diminuent grâce à une attitude positive des communautés locales.
Deux axes prioritaires ont été retenus, à savoir, les actions d’information et d’éducation
environnementale pour établir des stratégies communes et les actions de domestication du
Sinarundinaria alpina dans les champs de paysans.
Multiplication des bambous
Pour pallier aux multiples problèmes d’exploitation illégale de bambous du PNKB, nous
multiplions des pépinières et nous les distribuions à la population pour faire les propres
cultures et plantation (figure 5). Concernant les actions de domestication de bambou, il
s’agit d’aménager des pépinières puis repiquer les plantules de bambou dans les champs
de paysans (figures 6a et 6b). La production de nouvelles tiges est un processus saisonnier,
qui permet de reconnaître les successions de tiges appartenant à différentes classes d’âge
(figure 5).
Nous envisageons aussi une production des tiges qui seront suivies d’une période de
deux à trois ans avec un cycle de croissance annuel qui fait intervenir le développement
de nouvelles tiges aux apex des rhizomes où la croissance se déclenche lorsque débute la
saison des pluies.
Les nouvelles tiges atteignent leur taille définitive en 2-4 mois et se ramifient l’année
suivante. Nous estimons qu’au cours de la quatrième année de croissance, les tiges sont
glabres et suffisamment rigides pour servir de perches. Selon des estimations, les intervalles entre les périodes de floraison vont de 15 ans (entre 2000–2300m d’altitude) à 20 ans
(entre 2600–3000m d’altitude). La floraison peut être synchrone au sein d’une population
dans des parcelles couvrant plusieurs hectares (figures 7a et 7b).
Stratégie de conservation durable
La conservation de la biodiversité et l’utilisation durable de ses composantes n’est pas une
notion nouvelle. Elle a pour la première fois été discutée en juin 1972, lors de la conférence des Nations Unies sur l’environnement humain à Stockholm [10,12]. La perte de la
Figure 7a et 7b. Deux plantations d’expérimentions par la population environnantes du PNKB.
Source: Chibembe.
Exploitation de bambous
279
biodiversité fait donc l’objet d’une préoccupation croissante à travers le monde. Plusieurs
sommets se sont encore tenus afin de renforcer cette initiative de conservation de biodiversité [12,56,57]. Si on parle de la conservation durable de la biodiversité, on touche à des
problèmes complexes qui nécessitent des approches pluridisciplinaires difficiles à mettre en
œuvre.
L’un des obstacles majeurs qu’il importe de surmonter tient au fait que les problèmes à
résoudre résultent de processus multiples qui opèrent et doivent être saisis à des échelles
de temps, d’espaces et d’analyse différents [49,53,58]. Ainsi s’il est vrai que les problèmes
d’environnement sont devenus planétaires, leur analyse nécessite des approches locales qui
respectent le caractère hiérarchisé des systèmes écologiques: individus, populations,
peuplements, écosystèmes, paysages, etc. Les forêts en pleine régénération comme celle de
bambous constituent des puits de carbone non négligeables en relation avec la stabilité du
climat [2,3,37,55].
La situation actuelle du PNKB est préoccupante car sa détérioration s’accélère ces 20
dernières années et celle-ci est exclusivement d’origine anthropique [2,59]. On constate
d’ailleurs que, après l’abandon de certaines zones dégradées, la régénération peut se faire
en quelques années et qu’une stabilité s’installe. Runge [60] et Kabonyi et al. [61] avaient
déjà souligné le fait qu’après une période de crise, la forêt pouvait regagner naturellement
et rapidement du terrain perdu [61,62]. Sous le climat actuel, favorable à une expansion
forestière, une phytodynamique progressive pourrait s’installer [1,2]. En conséquence, pour
en revenir à la situation de 1994 (avant les multiples guerres), une protection intégrale de
la zone des montagnes s’impose.
Dans le cadre d’une gestion forestière du PNKB et pour palier à ces perturbations écologiques telles que démontrées ci-dessous, nous pensons que la prise de conscience de
l’état congolais peut impliquer une meilleure distinction entre les effets des perturbations
anthropiques et celles des perturbations naturelles sur les structures des peuplements des
bambous à différentes altitudes.
Il est donc nécessaire que les tenants du pouvoir songent à sauvegarder les écosystèmes
supposés fragiles, en vue de les épargner de la disparition à court terme en créant un
système de gestion concertée avec les populations locales. Alors, pour assurer à la fois la
survie de ces insulaires et aussi la croissance de ces espèces, il faut:
- renforcer les essais de domestiquer des bambous et d’autres espèces menacées en
créant des plantations où celles-ci seront cultivées et en cas de réussite, les techniques
culturales seront enseignées aux populations;
- créer plusieurs pépinières qui serviront à l’implantation de ces plantes utilisées par la
population;
- renforcer les activités de développement aux profits des populations vivant aux
environs du PNKB et multiplier les sensibilisations dans le but de sauvegarder les
ressources naturelles.
De cette manière, la gestion durable des forêts garantit leur diversité biologique, leur
productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour l’avenir, les fonctions économique, écologique et sociale pertinentes, aux
niveaux local, national et international, sans causer de préjudices à d’autres écosystèmes.
280
S.A. Safari et al.
Conclusions
Une exploitation de bambous par la population riveraine du PNKB suite aux crises socioéconomiques et aux déséquilibres conjoncturels aggravés par la poussée démographique a
été mise en évidence. Il est urgent qu’une réflexion soit menée à propos du PNKB, vu sa
situation dans les environnements immédiats de la ville de Bukavu, et au vu de son
importance écologique vis-à-vis de cette dernière. La gestion de bambou creux se limite
essentiellement à la récolte des peuplements naturels, ce qui se fait par zone plutôt que par
touffe parce que les tiges sont généralement bien séparées. Les rapports et les publications
consultées ainsi que nos propres enquêtes depuis l’an 2000 signalent des pertes de
peuplements et des menaces de conservation.
Néanmoins, les connaissances en matière de sylviculture sont suffisantes pour que des
programmes de gestion préliminaires soient appliqués par les chercheurs et les artisans de
la conservation, prenant en compte la structure d’âge des peuplements, dans le contexte
des produits commercialisables, de l’intensité et de la fréquence des récoltes dans les plantations d’expérimentations. La rareté de la floraison et la viabilité incertaine des semences
incitent à mettre au point une méthode économiquement attractive de multiplication végétative, en vue d’une restauration des peuplements et d’une plantation à plus vaste échelle
sur des terres agricoles des paysans et aussi dans le Parc.
Remerciements
Nos remerciements s’adressent à la Coopération internationale allemande (GIZ) qui a initié
cette étude depuis 2000 et la Wildlife Conservation Society (WCS) qui a soutenu financièrement cette étude pour son aboutissement. À la direction du site de PNKB pour sa
collaboration et la mise en œuvre de cette activité. Ainsi que l’Université Officielle de
Bukavu en travers le Laboratoire de Biosystématique pour l’accompagnement scientifique.
References
[1] Plumptre, A.J., Behangana, M., Davenport, T., Kahindo, C., Kityo, R., Ndomba, E., Nkuutu, D., Ssegawa,
P., Eilu, G. et Owiunji, I., 2003, The Biodiversity of the Albertine Rift. Albertine Rift Technical Reports, No.
3. Wildlife Conservation Society. Disponible sur: http://www.wcs.org (consulté 12 février 2014).
[2] Plumptre, A., Kujirakwinja, D., Matanguru, J., Kahundo, C., Kaleme, P., Marks, B. et Huhndorf, M., 2008,
Inventaires biologiques des régions de Misotshi-Kabogo (Mont et Marungu à l’est de la en RDC. Albertine
Rift Technical Reports. Wildlife Conservation Society. Disponible sur: http://www.wcs.org (consulté 12
février 2014).
[3] Banana, A.Y. et Tweheyo M., 2004, Ecological changes following rules in use and anthropology : the case
of Echuya bamboo forest, south-western Uganda. Uganda Journal, 50, 39–49.
[4] Mangambu, M., 2013, Taxonomie, biogéographie et écologie des Ptéridophytes de l’écosystème forestier des
montagnes du Parc National de Kahuzi-Biega à l’Est de la R.D. Congo. Thèse de doctorat, Université
d’Anvers/Belgique.
[5] Mangambu, M., Mushagalusa, K. et Kadima, N., 2014, Contribution à l’étude phytochimique de quelques
plantes médicinales antidiabétiques de la ville de Bukavu et ses environs (Sud-Kivu, R.D. Congo). Journal
of Applied Biosciences, 75, 6211–6220.
[6] Masumbuko, C., Habiyaremye, F. et Lejoly, J., 2013, Impact of Sericostachys scandens on forest regeneration in the Kahuzi-Biega National Parc. In: N. Beau, S. Desseinet E. Robbrecht (dirs) African Plant Diversity, Scipta Botanique Belgica, pp. 130–137. Proceedings XIXth AETFAT Congress, Antananarivo,
Madagascar, 26–30 avril 2010.
[7] Ramananantoandro, T., Rabemananjara, Z., Randrianarimanana, J. et Pommier, R., 2013, Valorisation de la
filière Bambou dans les zones Orientales de Madagascar : contraintes et opportunités. Bois et Forêts des
Tropiques, 67(3), 79–91.
Exploitation de bambous
281
[8] Davidse, G., 1985, The phytogeographic relationship of the Panamanian grasses. In : W.G. D’Arcy et M.D.
Correa(dirs) The Botany and Natural History of Panama (St Louis : Missouri Botanical Garden), pp. 13–24.
[9] White, F., 1993, The AETFAT chorological classification of Africa: history, methods and applications.
Bulletin du Jardin Botanique National de Belgique, 62, 225–281.
[10] Mangambu, M., Habiyaremye, F.M., Lina, A. et Ntahobavuka, H., 2010, L’Importance du groupement à
Cyathea manniana dans la biodiversité du Parc National de Kahuzi-Biega, R.D. Congo. Revue internationale
de géologie, de géographie et d’écologie tropicales, 34(1/2), 45–63.
[11] Chao, C.-S. et Renvoize, S.A., 1989, A revision of the species described under Arundinaria (Gramineae) in
Southeast Asia and Africa. Kew Bulletin, 44(2), 349–367.
[12] Mangambu, M., Van Diggelen, R., Mwanga Mwanga, J.-C., Ntahobavuka, H., Malaisse, F. et Robbrecht, E.,
2012, Étude ethnoptéridologique, évaluation des risques d’extinction et stratégies de conservation aux alentours du Parc National de Kahuzi Biega en R.D. Congo. Revue internationale de géologie, de géographie et
d’écologie tropicales, 36(1/2), 137–158.
[13] Anonyme, 2014, Loi cadre N°13/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la Nature. Journal officiel,
Kinshasa, RDC, 125 pp.
[14] Yamagiwa, J., Basabose, K.A., Kaleme, K. et Yumoto, T., 2005, Diet of Grauer’s Gorillas in the montane
forest of Kahuzi, Democratic Republic of Congo. International Journal of Primatology, 26, 1345–1373.
[15] Mangambu, M., Muhashy, H., Janssen, T., Diggelen, R., Robbrecht, E. et Ntahobavuka, H., 2013, Diversité
des fougères et leurs alliées le long du gradient altitudinal au sein de l’écosystème forestier des montagnes
du Parc National de Kahuzi-Biega (R.D. Congo). International Journal of Environmental Studies, 70(2),
259–283.
[16] Fischer, E., 1996, Die Vegetation des Parcs National de Kahuzi-Biega, Sud-Kivu, Zaïre. (Stuttgart: Franz
Steiner Verlag).
[17] Gentry, A., 1992, Tropical forest biodiversity : distributional patterns and their conservational significance.
Oikos, 63, 19–28.
[18] Tuomisto, H., Ruokolainen, K., Kalliola, R., Linna, A., Danjoy, W. et Rodriguez, Z., 1995, Dissecting
Amazonian biodiversity. Science, 269, 63–66.
[19-23] Troupin, G., 1978–1988, Flore du Rwanda, Spermatophytes. Volumes I à IV (Tervuren : Musée royal de
l’Afrique centrale et Butare : Institut national de recherche scientifique).
[24] Bloesch, U., Troupin, G. et Derungs, N., 2009, Les Plantes ligneuses du Rwanda : flore, écologie et usage.
(Aacen: Shaker Verlag).
[25-28] Lebrun, J.-P. et Stork, A.L., 1991-2010, Énumération des plantes à fleurs d’Afrique tropicale et Tropical
African Flowering Plants: Ecology and Distribution, vols 1, 2, 3, 4, 5 en préparation. Conservatoire et
Jardin botaniques de la Ville de Genève.
[29] Roux, J.P., 2009, Synopsis of the Lycopodiophyta and Pteridophyta of Africa, Madagascar and Neighbouring Islands. Strelitzia 23. South African National Biodiversity Institute.
[30] Hammer, O., Harper, D. et Ryan, P., 2001, PAST: Paleontological Statistics software package for education
and data analysis. Paleontologia Electronica, 4(1), 1–9.
[31] Mazerollo, P., 2012, Statistique descriptive : moyenne arithmétique. Laboratoire de gestion des écosystèmes
(GECOS), Lausanne.
[32] Grall, J. et Hily, C., 2003, Traitement des données stationnelles (faune). (Lausanne: Fiche technique).
[33] Margurran, A.E., 2004, Measuring Biological Diversity. (Oxford: Blackwell Science).
[34] Gamito, S., 2010, Caution is needed when applying Margalef diversity index. Ecological Indicators, 10,
550–551.
[35] Bütler, R., 2000, Analyse de la distribution spatiale d’objets dans un paysage. (Laboratoire de gestion des
écosystèmes (GECOS), Lausanne: Fiche d’enseignement).
[36] Istas, J.R. et Raekelboom, E.L., 1962, Étude biométrique, chimique et papetière des bambous du Congo.
Série Technique No. 67 (Bruxelles : Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo (INEAC)).
[37] Kelbessa, E., Bekele, T., Gebrihiwot, A. et Hadera, G., 2000, A socio-economic case study of the bamboo
sector in Ethiopia : an analysis of the production-to-consumption system. INBAR Working Paper, 25, 1–20.
[38] Hubbard, C.E., 1962, Arundinaria alpina K.Schum. Hooker’s Icones. Plantarum, 5(6), 1–6.
[39] Mangambu, M., Liengola, B.I. et Nyakabwa, M., 2008, Contribution à l’étude floristique des phytocénoses
de mont Biega (Parc National de Kahuzi-Biega, Sud-Kivu, RDC). Annales des Sciences de l’Université
Officielle de Bukavu, 1(1), 37–50.
[40] Hemp, A., 2006, Vegetation of Kilimanjaro : hidden endemics and missing bamboo. African Journal of
Ecology, 44, 305–328.
[41] Amani, Y., Nyakabwa, M. et Lejoly, J., 2008, Analyse floristique de la forêt de bambous (Sinarundinaria
alpina) du Parc National de Kahuzi-Biega. Annales des Sciences de l’Université Officielle de Bukavu, 1(1),
16–27.
[42] Yumoto, T., Yamagiwa, J., Mwanza, N. et Maruhashi, T., 1994, List of plant species identified in
Kahuzi-Biega National Park, Zaïre. Tropical Biology and Conservation, 3, 295–308.
[43] Basabose, K. et Yamagiwa, J., 1997, Predation on mammals by chimpanzees in the montane forest of
Kahuzi. Zaïre. Primates, 38(1), 45–55.
282
S.A. Safari et al.
[44] Basabose, K. et Yamagiwa, J., 2001, Factors affecting nesting site choice in Chimpanzees at Tshibati,
Kahuzi-Biega National Park. International Journal of Primatology, 23(2), 263–281.
[45] Basabose, A.K., 2002, Diet composition of chimpanzees inhabiting the montane forest of Kahuzi,
Democratic Republic of Congo. American Journal of Primatology, 58, 1–21.
[46] Yamagiwa, J., Maruhashi, T., Yumoto, T. et Mwanza, N., 2006, Dietary and ranging overlap in sympatric
gorillas and chimpanzees in Kahuzi-Biega National Park, Zaire. In : W.C. McGrew, L.F. Marchant et T.
Nishida (dirs) Great Ape Societies (Cambridge: Cambridge University Press), pp. 82–98.
[47] Yamagiwa, J., Basabose, K.A., Kaleme, K. et Yumoto, T., 2008, Phenology of fruits consumed by a sympatric population of gorillas and chimpanzees in Kahuzi-Biega National Park, Democratic Republic of Congo.
African Study Monographs Supplementary Issue, 39, 3–22.
[48] Basabose, A.K. et Yamagiwa, J., 2010, Four decades of research on primates in Kahuzi-Biega. Gorilla
Journal, 38, 3–6.
[49] Mangambu, M., Robbrecht, E., Ntahobavuka, H. et Van Diggelen, R., 2014, Analyse phytogéographique des
Ptéridophytes d’Afrique centrale : cas des étages des montagnes du Parc National de Kahuzi-Biega
(République Démocratique du Congo). European Scientific Journal, 10, 84–108.
[50] Balole-Bwami, E., 2001, L’état actuel du braconnage au Parc National de Kahuzi-Biega. Gorilla Journal,
22, 11–13.
[51] Munyuli, B.M.T., 2001, Contribution à la domestication des essences forestières recherchées et exploitées
par la population rurale dans le Parc National de Kahuzi Biega : cas d’Arundinaria alpina, Est de la
République Démocratique du Congo. Tropicultura, 19(4), 171–175.
[52] Esegu, J.F., Ssenteza, J. et Sekatuba, J., 2000, Rattan and bamboo in Uganda : a study of the production to
consumption systems. INBAR Working Paper, 29, 1–15.
[53] Vande-Weghe, J.P., 2004, Forêts d’Afrique centrale. La Nature et l’Homme. (Tielt: Edition Lannoo).
[54] Kigomo, B.N. et Kamiri, J.F., 1987, Studies in propagation and establishment of Oxytenanthera abyssinica,
Bambusa vulgaris and Arundinaria alpina in medium altitude site in Kenya. Kenya Journal of Sciences (B),
8, 5–13.
[55] White, P.S. et Jentsch, A., 2001, The search for generality in studies of disturbance and ecosystems
dynamics. Progress in Botany, 62, 399–449.
[56] Anonyme, 2010, Plan général de gestion du Parc National de Kahuzi-Biega « 2009-2019 ». Élaboré par la
collaboration du projet PBF/GTZ et WWP/PCKB, Ministère d’environnement et Tourisme/RDC (Kinshasa),
128 pp.
[57] Ake-Assi, E., Adou Yao, C., Ipou Ipou, J., Neuba, D., Ake-Assi, L. et Traore, D., 2010, Représentations des
plantes ornementales pour les populations d’Abidjan et San Pedro, en Côte d’Ivoire. In : X.van der Burgt,
J.van der Maesenet J.-M.Onana (dirs) Systématique et conservation des plantes africaines (Kew: Royal
Botanic Gardens), pp. 289–296.
[58] Ehrlich, P. et Ehrlich, A., 1991, Extinction: The Causes and Consequences of the Disappearance of Species.
(New York: Random House).
[59] Siradiou, D. et Malu-Malu, J., 2006, « Parc de Kahuzi-Biega ». In : La République démocratique du Congo
aujourd’hui (Paris : Éditions du Jaguar).
[60] Runge, J., 2007, Des déserts et des forêts, histoire du paysage et du climat de l’Afrique Centrale au
Quaternaire Supérieur. Revue internationale de géologie, de géographie et d’écologie tropicales, 31, 1–18.
[61] Kabonyi, N.C., Salmon, M. et Roche, E., 2011, Le Parc National de Kahuzi-Biega (R.D. Congo), patrimoine
en péril ? Le secteur « Haute Altitude », situation et perspectives. Revue internationale de géologie, de
géographie et d’écologie tropicales, 35, 1–8.
[62] Mangambu, M., Wabika, D., Imani, M. et Mwanga Mwanga, I., 2013, Étude préliminaire sur la
connaissance taxonomique et endémisme des Rubiaceae Kahuzi-Biega à l’est de la R.D. Congo. Continental
Journal of Biological Sciences, 6(3), 33–42.
Exploitation de bambous
283
Annexe 1. Liste floristique des espèces inventoriées dans les six sites prospectés au
PNKB depuis 14 ans.
Liste des espèces
1. Fougères et les alliées
Arthropteris orientalis (J.F.Gmel) Posth.
Asplenium aethiopicum (Burm.) Bech.
Asplenium dregeanum Kze
Asplenium erectum Willd.
Asplenium friesiorum C.Chr.
Asplenium monanthes L.
Asplenium rutifolium (Berg.) Kunze
Asplenium sandersonii Hook.
Asplenium smedsii Pic.Serm.
Asplenium sthulmannii Hieron
Asplenium theciferum (Kunth.)
Cyathea camerooniana Hook.
Cyathea manniana Hook.
Drynaria laurentii (Christ.) Hieron
Drynaria volkensii Hieron
Dryopteris athamantica (Baker) C.Chr.
Elaphoglossum hybridum (Bory) Moore
Elaphoglossum kivuense Schelpe.
Huperzia bampsiana Pic.Serm.
Huperzia saururus (Lamarck) Revisan
Lepisorus excavatus (Willd.) Ching.
Loxogramma abyssinica (Sw.) Presl
Lycopodium carolinum (Lawalrée)
Symoens
Lycopodium cernuum L.
Melpomene flabelliformis (Poir.) A.R.Sm.
et R.C.Moran
Nephrolepis undulata (S.W.) J.SM.
Oleandra distenta Kunze
Pleopeltis lanceolata Kaulf
Pleopeltis macrocarpa (Bory ex Willd.)
Kaulf.
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn Stocken
Pteris pteridioides (Hook.) Ballard
Pyrrosia schimperiana (Mett ex Kuhn)
Alston
Vittaria reekmansii Pic.Serm.
Vittaria volkensii Hieron
T.M.
S1
S2
S3
S4
S5
S6
PCGC
Alt. Alt. Alt. Alt. Alt. Alt.
2012 2103 2235 2313 2572 2986
Hvi
Hvi
Hvi
Han
Hvi
Hvi
Han
Han
Han
Han
Han
Arb
Arb
Hvi
Hvi
Hvi
Han
Hvi
Han
Han
Hvi
Han
Han
+
+
+
+
+
−
+
+
+
0
+
+
0
+
0
+
0
0
+
0
+
+
0
+
−
−
+
0
+
+
0
0
−
+
0
+
+
0
0
+
+
+
0
+
0
0
+
0
−
+
0
+
0
+
+
+
−
0
+
0
+
0
+
+
+
0
+
+
0
+
0
+
0
+
−
0
+
+
−
+
+
−
0
+
+
0
+
+
0
+
+
0
−
+
+
0
+
+
+
+
0
+
0
0
0
+
0
+
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
+
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
0
0
0
0
+
0
0
+
Hvi
Hvi
0
0
0
0
+
0
+
+
0
+
+
+
Hvi
Han
Han
Han
+
+
0
+
0
+
0
0
+
+
0
+
+
0
0
+
0
+
0
+
0
0
+
0
Hvi
Hvi
Han
+
+
0
0
+
0
0
−
+
+
−
0
0
+
+
0
0
+
Han
Han
+
+
0
0
0
0
0
+
0
0
0
0
G,S,P
G,S,P
G,C
G,C
(Continued)
S.A. Safari et al.
284
Annexe 1.
(Continued).
Liste des espèces
T.M.
Sous-total
2. Gymnospermes
Podocarpus milanjianus Rendle
Sous-total
3. Angiospermes
Allophylus abyssinicus (Hochst.) Radlk
Acalypha psilostachya Hochst. A.Rich.
Achyranthes aspera L.
Achyrospermum micranthum Perk
Adenia cissampeloides (Hook.) Harms
Adenopus abyssinica Hook. f.
Afrardisia staudtii (Gilg.) Mey
Agauria salicifolia (Lam.) Hook.
Albizia gummifera (J.F.Gmel.) C.A.Sm.
Alchemilla kiwuensis Engl.
Basella alba L.
Begonia meyeri-johannis Engl.
Bersama abyssinica Fres.
Biophytum petersianum Klotzsch.
Bothriocline ugandensis (S.Moore)
M.Gilbert
Bridelia brideliifolia (Pax) Fedde
Brillantaisia patula T.Anders
Canarina eminii Asch. ex Schweinf.
Canthium hispido-nervosum (De Wild.)
Robyns
Canthium oligocarpum Hiern.
Carapa grandiflora Sprague
Cassine aethiopica Thunb.
Cassipourea ruwenzoriensis (Engl.)
Alston
Chassalia subochreata (De Wild) Robyns
Chlorophytum sparsiflorum Bak.
Chrysophyllum africanum A.DC.
Cissus adenocaulis (Steudel.) Discoings
Clematis hirsuta Perr. et Guill.
Clerodendrum johnstonii Oliv.
Coleus edulis Vatke
Coleus luteus (Güerke) Starner
Coleus sylvaticus Güerke
Commelina africana L.
Commelina diffusa Burm. f.
Crassocephalum bumbense S. Moore
Crassocephalum mannii (Hook. f.)
Milne-Redh.
Crotalaria intermedia Kostch.
Culcasia orientalis
S1
S2
S3
S4
S5
S6
PCGC
Alt. Alt. Alt. Alt. Alt. Alt.
2012 2103 2235 2313 2572 2986
22
13
18
19
14
9
A
0
−
0
−
0
−
+
1
0
−
+
1
Arb
Hvi
Hvi
S-arb
L
Hvi
Arb
A
A
Hvi
Han
Hvi
A
Han
S-arb
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
0
0
+
+
0
+
+
+
+
+
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
+
0
+
+
+
0
0
0
0
+
+
0
0
+
+
+
0
+
+
+
0
0
0
A
S-arb
Hvi
Arb
0
0
0
+
+
+
0
+
+
+
+
+
0
0
+
+
0
+
+
0
0
0
0
0
Arb
A
Arb
Arb
+
0
+
+
+
+
0
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
0
0
+
+
Arb
Hvi
A
Hvi
L
S-arb
Hvi
S-arb
Hvi
Hvi
Hvi
Han
S-arb
0
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
0
0
+
0
+
0
+
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
+
0
0
+
+
0
0
+
0
+
+
0
+
+
0
+
+
+
0
0
0
0
+
+
+
0
0
0
0
+
+
+
S-arb 0
L
+
+
+
0
+
+
+
+
0
0
+
4
G,C
G,C
G
G,S,C
G,C
G,C
G,C,S
G,C
C
(Continued)
Exploitation de bambous
Annexe 1.
285
(Continued).
Liste des espèces
T.M.
S1
S2
S3
S4
S5
S6
PCGC
Alt. Alt. Alt. Alt. Alt. Alt.
2012 2103 2235 2313 2572 2986
Dalberghia lactea Vakte
Desmodium repandum (Vahl.) DC.
Digitaria velutina (Forsk.) Beauv.
Diospyros honleana F.White
Dombeya goetzenii K.Schum.
Dracaena afromontana Mildbr.
Dracaena laxissima Engl.
Drymaria cordata (L.)Wild. ex Roehm.
et Schult.
Ekebergia mildbraedii Engl.
Embelia schimperi Vatke
Entandophragma excelssum (Dawe et
Sprague) Sprague
Epipactis africana Rendle
Eriosema montanum Bak. f.
Erythrina abyssinica Lam. ex A.Rich.
Erythrococca welwitschiana (Muell. Arg.)
Prain
Ficus thonningii Blume
Galiniera coffeoides Delile
Galium hamatum Hochst. et A.Rich.
Geranium aculeolatum Oliv.
Girardinia condensata (Hochst.) Wedd.
Gynura ruwenzoriensis S. Moore
Hagenia abyssinica (Bruce) J.F.Gmel.
Helichrysum globosum Schultz-Bip.
Hydrocotyle mannii Hook. f.
Hypericum revolutum Vahl.
Impatiens burtoni Hooker f.
Impatiens niamniamensis Gilg.
Impatiens stuhlmannii Warb.
Ipomoea involucrata P.Beauv.
Ixora burundensis Bridson
Jasminum abyssinicum Hochst. ex DC.
Jaundea pinnata (Beauv.) Schellenb.
Justicia flava Vahl
Kalanchoe integra O.Kuntze
Kotschya africana Endl.
Laportea alatipes Hook. f.
Leptactinia seretii De Willd.
Lindackeria bukobenis Gilg.
Lobelia gibberoa Hems
Macaranga kilimandscharica Pax
Maesa lanceolata Forsskal
Maytenus acuminata (L.f.) Loes
Maytenus arguta (Loes.) N.Robson
Melinis minutiflora P.Beauv.
Microglossa densiflora Hook. f.
Mikania cordata (Burm. f.) Bl. Robinson
Arb
Hvi
Hvi
Arb
A
S-arb
S-arb
Han
0
+
+
+
+
0
0
+
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
+
0
+
+
+
+
+
+
+
0
0
0
0
0
+
+
+
C,G,S
G,C
A
L
A
0
+
0
0
+
0
+
+
+
0
+
+
0
0
0
0
0
0
G,C
Hvi
S-arb
A
Arb
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
+
0
0
0
0
0
0
0
0
A
Arb
Han
Hvi
S-arb
S-arb
A
Hvi
Hvi
S-arb
Han
Han
Han
Hvi
Arb
L
L
Hvi
Hvi
S-arb
Hvi
S-arb
Arb
Arb
A
A
Arb
S-arb
Hvi
S-arb
Hvi
0
+
+
0
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
+
0
+
+
0
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
+
0
+
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
0
0
+
0
0
+
0
+
+
+
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
0
0
0
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
0
0
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
0
+
+
0
0
+
0
+
+
+
+
+
0
+
+
C
G,C
G,C,S
G,C
G
C
G,C
C
G
C
G,C
(Continued)
S.A. Safari et al.
286
Annexe 1.
(Continued).
Liste des espèces
T.M.
S1
S2
S3
S4
S5
S6
PCGC
Alt. Alt. Alt. Alt. Alt. Alt.
2012 2103 2235 2313 2572 2986
Mikaniopsis tanganyicensis (R.E.Fr.)
Milne-Redh.
Milletia dura Dunn.
Mimulopsis arborescens C.B.Clarke
Mimulopsis solmsii Schweinf.
Momordica cissoides Planch. ex Benth.
Momordica foetida Schumach
Momordica schimperiana Naud.
Monanthotaxis orophila (Bout.) Verdc.
Myrianthus holstii Engl.
Neoboutonia macrocalyx Pax
Nuxia congesta R.Br. ex Fresen.
Oxalis corniculata L.
Oxyanthus speciosus DC.
Palisota hirsuta (Thunb.) Schum.
Panicum brevifolium L.
Panicum calvum Stapf.
Panicum massaiense Mez.
Panicum maximum Jacq.
Parinari excelsa Sabine
Pauridiantha kahuziensis Ntore
Pavonia urens Cav.
Peperomia arabica Miq.
Peperomia vogelii (Hook. f.) Engl.
Periploca linearifolia Dillon et A.Rich.
Peucedanum aculeolatum Engl.
Physalis peruviana L.
Pilea bambuseti Engl.
Pilea ceratomera Weld.
Pilea engleri Rendle
Piper capense L. f.
Plectranthus laxiflorus Benth.
Pleiocarpa pycnantha (K.Schum.) Stapf.
Polygala ruwenzoriensis Chodat
Polygonum salicifolium Brouss. ex Willd.
Polyscias fulva (Hiern.) Harms
Polystachya cultriformis (Thouars)
Sprengel
Polystachya virginea Summerh.
Psychotria mahonii C.H.Wright.
Pycnostachys erici-rosenii R.E.Fries
Pycnostachys meyeri Gürke
Rapanea pulchra Gilg. et Schellenb.
Rhus natalensis Benth. et Krauss.
Rhynchostigma racemosum Benth.
Rubus steudneri Schw.
Rutidea syringoides (Webb.) Brem.
Rytiginia bugoyensis (De Wild.) Robyns
Rytiginia kivuensis K. Krause
Hvi
+
+
+
+
0
+
A
S-arb
S-arb
Hvi
Hvi
Hvi
Arb
Arb
A
A
Hvi
Arb
Hvi
Hvi
Han
Hvi
Hvi
A
Arb
A
Hvi
Hvi
L
Hvi
Han
Hvi
Hvi
Hvi
Arb
Hvi
Arb
S-arb
Hvi
A
Hvi
+
+
0
+
+
+
+
+
0
0
0
+
+
+
0
+
+
+
0
+
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
+
+
+
0
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
+
+
0
0
+
0
+
0
+
0
+
+
+
+
+
0
+
0
0
+
+
0
+
+
+
+
0
+
0
0
0
+
0
0
0
+
0
+
0
0
0
0
0
+
0
+
+
+
+
0
+
+
+
0
0
+
0
+
0
0
+
0
+
0
0
0
0
0
0
0
+
0
+
0
0
0
0
+
+
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
+
0
0
0
Hvi
Arb
S-arb
S-arb
A
Arb
L
L
L
Arb
Arb
0
+
+
+
0
+
+
+
+
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
+
0
+
0
+
+
+
0
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
0
+
+
+
+
0
+
0
+
+
0
+
0
0
+
0
+
+
0
0
+
+
+
C
G
G,C
G,C,B,S
C
G
G,C
C
G
C
G,C
C
C,G
G
C
(Continued)
Exploitation de bambous
Annexe 1.
287
(Continued).
Liste des espèces
T.M.
S1
S2
S3
S4
S5
S6
PCGC
Alt. Alt. Alt. Alt. Alt. Alt.
2012 2103 2235 2313 2572 2986
Sanicula elata Pouchman ex Don
Sapium ellipticum (Krauss) Pax
Satureja pseudosimensis Brenan
Schefflera goetzenii Harms
Schefflera myriantha (Bak.) Drake
Senecio maranguensis O.Hoffm.
Senecio trichopterygius Muschle R.
Sericostachys scandens Gilg. et Lopr.
Setaria megaphylla (Steud.) Dur. et
Schinz.
Sida rhombifolia L.
Sinarundinaria alpina (Schumann)
C.S.Chao & Renvoize
Solanum angustispinosum De Willd.
Solanum dasyphyllum Thonn.
Spermacoce latifolia Aubl.
Stephania abyssinica (Dill. et A. Rich.)
Walp.
Symphonia globilifera L. F.
Syzygium guineense (Wild.) DC.
Tabernaemontana johnstonii (Stapf.)
Pichon
Tacazzea apiculata Oliv.
Tarenna graveolens (S.Moore) Brem.
Thunbergia alata Bojer
Thunbergia stuhlmanniana Lindau
Trifolium purseglovei Gillet
Triumfetta cordifolia A.Rich.
Urera hypselodendron (A.Rich.) Wedd.
Vernonia ampla O.Hoffm.
Vernonia auriculifera Hiern.
Vernonia lasiopus O.Hoffm.
Xymalos monospora (Harv.) Warb.
Sous-total
Total
Hvi
A
Hvi
S-arb
Arb
S-arb
S-arb
L
Hvi
+
+
+
0
0
0
0
0
0
+
+
+
0
0
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
0
+
+
0
+
+
+
+
0
0
0
+
+
+
0
+
0
0
0
+
+
+
+
0
+
S-arb 0
A
+
+
+
0
+
0
+
+
+
0
+
G,C,S
Arb
S-arb
Han
Han
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
0
+
0
+
0
+
+
+
+
0
0
+
0
G
A
A
A
0
+
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
0
0
+
0
G,C,S
L
Arb
Han
Han
Han
S-arb
L
S-arb
Arb
S-arb
A
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
0
118
140
+
0
0
+
+
+
0
+
+
+
0
126
139
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
128
146
+
+
0
0
+
+
0
+
+
0
+
112
132
+
+
0
0
+
+
+
+
+
+
+
93
107
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
63
74
G
G,C
G
C
G,C
G,C
G,C
G,C
49
53
Légende: T.M.: type morphologique, S: site, Alt.: altitude, PCGC: plante consommée par les gorilles, singes, babouins et
chimpanzés.
Copyright of International Journal of Environmental Studies is the property of Routledge and
its content may not be copied or emailed to multiple sites or posted to a listserv without the
copyright holder's express written permission. However, users may print, download, or email
articles for individual use.