Le genre Stolzia (Orchidaceae) en Afrique
centrale avec deux nouveaux taxons
Vincent DROISSART
Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie,
Université Libre de Bruxelles,
50 avenue F. Roosevelt, CP 169, B-1050 Bruxelles (Belgique)
vincent.droissart@ulb.ac.be
Murielle SIMO
Laboratoire de Botanique systématique et d’Écologie,
École Normale Supérieure, Université de Yaoundé I,
BP 047 Yaoundé (Cameroun)
murielle_simo@yahoo.fr
Bonaventure SONKÉ
Laboratoire de Botanique systématique et d’Écologie,
École Normale Supérieure, Université de Yaoundé I,
BP 047 Yaoundé (Cameroun)
et Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie,
Université Libre de Bruxelles,
50 avenue F. Roosevelt, CP 169, B-1050 Bruxelles (Belgique)
bsonke@ulb.ac.be
Valérie CAWOY
Groupe de Recherches « Génétique, Reproduction, Populations »,
Unité de Génétique et Centre de Recherche sur la Biodiversité,
Université Catholique de Louvain,
Croix du Sud 2, boîte 14, B-1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)
valerie.cawoy@uclouvain.be
Tariq STÉVART
Missouri Botanical Garden, Africa and Madagascar Department,
P.O. Box 299, 63166-0299, St Louis, Missouri (USA)
et Jardin botanique national de Belgique, Domein van Bouchout,
Nieuwelaan 38, B-1860 Meise (Belgique)
tariq.stevart@mobot.org
Droissart V., Simo M., Sonké B., Cawoy V. & Stévart T. 2009. — Le genre Stolzia (Orchidaceae)
en Afrique centrale avec deux nouveaux taxons. Adansonia, sér. 3, 31 (1) : 25-40.
RÉSUMÉ
Les taxons du genre Stolzia Schltr. (Orchidaceae) présents en Afrique centrale
sont révisés. Neuf taxons ont été identifiés. Deux nouveaux taxons collectés au
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1) © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.
www.adansonia.com
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Droissart V. et al.
MOTS CLÉS
Afrique centrale,
Orchidaceae,
Stolzia,
nouveaux taxons,
néotypification,
nouvelle combinaison,
nouvelles signalisations.
Cameroun et en Guinée Équatoriale (Rio Muni et Bioko) sont décrits et illustrés.
Stolzia repens (Rolfe) Summerh var. cleistogama Stévart, Droissart & Simo diffère
des deux autres variétés déjà décrites par son sépale dorsal soudé aux sépales latéraux
sur plus d’un tiers de sa longueur, ainsi que par ses pièces florales plus petites et
non réfléchies. Stolzia grandiflora P.J.Cribb subsp. lejolyana Stévart, Droissart &
Simo est proche de la sous-espèce type, endémique d’Éthiopie, mais présente
une inflorescence biflore plus longue et des fleurs plus petites. Il se rapproche
également des différentes variétés de Stolzia repens (Rolfe) Summerh., mais s’en
distingue par son inflorescence biflore et un pédoncule plus long et plus fin.
Stolzia cupuligera (Kraenzl.) Summerh. et S. peperomioides (Kraenzl.) Summerh.
sont néotypifiés. Une nouvelle combinaison est proposée, Stolzia peperomioides
(Kraenzl.) Summerh. subsp. thomensis (Stévart & P.J.Cribb) Stévart, Droissart &
Simo. Plusieurs nouvelles signalisations sont données. Une clé d’identification et
un tableau synoptique des taxons présents en Afrique centrale sont proposés.
KEY WORDS
Central Africa,
Orchidaceae,
Stolzia,
new taxa,
neotypification,
new combination,
new records.
ABSTRACT
he genus Stolzia (Orchidaceae) in central Africa with two new taxa.
A taxonomic revision of genus Stolzia (Orchidaceae) occurring in central Africa
is given. Nine taxa are recognized. Two new taxa from Cameroon and Equatorial
Guinea (Rio Muni) are described and illustrated. Stolzia repens (Rolfe) Summerh.
var. cleistogama Stévart, Droissart & Simo differs from the two other varieties of
S. repens by its dorsal sepal, which is jointed to lateral sepal on one third of his
total length, and by its smaller and non-reflected sepals and petals. Stolzia grandiflora P.J.Cribb subsp. lejolyana Stévart, Droissart & Simo is morphologically
close to the type subspecies, endemic to Ethiopia, but differs from it by a longer
inflorescence with two flowers that are smaller. he morphological affinity of
S. grandiflora subsp. lejolyana appears to lie with the varieties of S. repens (Rolfe)
Summerh. However, the new species differs by having inflorescences with two
flowers and a longer and thinner peduncle. Stolzia cupuligera (Kraenzl.) Summerh. and S. peperomioides (Kraenzl.) Summerh. are neotypified. he position of
S. thomensis Stévart & P.J.Cribb is reconsidered and proposed as S. peperomioides
(Kraenzl.) Summerh. subsp. thomensis (Stévart & P.J.Cribb) Stévart, Droissart &
Simo. Many new records of Stolzia are given. Key to identification of species
and synopsis table of all taxa occurring in central Africa are given.
INTRODUCTION
Le genre Stolzia Schltr. comporte 16 espèces dont
la distribution est limitée à l’Afrique subsaharienne
(World Checklist of Orchidaceae, Govaerts et al. 2007).
Il a été revu par Cribb (1978) qui mentionne 12
espèces et deux sous-espèces. Quatre espèces et une
variété ont été décrites par la suite (Cribb 1979,
1981 ; Williamson 1980 ; Cribb & Stewart 1985 ;
Stévart & Cribb 2004). Ce genre est caractérisé par
26
des espèces majoritairement épiphytes, rarement
lithophytes. Elles présentent un rhizome rampant,
des pseudobulbes le plus souvent développés et disposés en chapelet et des inflorescences terminales.
Les fleurs sont petites, résupinées, à sépales latéraux
soudés entre eux et au pied de la colonne formant
un mentum proéminent, et à huit pollinies. Les
espèces du genre Stolzia sont généralement petites
et discrètes. Elles affectionnent surtout les milieux
submontagnards ou montagnards.
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
Treize taxons sont signalés en Tanzanie, au
Malawi et au Zimbabwe. Jusqu’à présent, trois
taxons étaient signalés en Afrique centrale et en
Afrique occidentale (du Libéria au Rwanda).
Stolzia thomensis Stévart & P.J.Cribb est endémique de l’île de São Tomé, S. grandiflora P.J.Cribb
est endémique d’Éthiopie, tandis que S. repens
(Rolfe) Summerh. var. repens est le seul taxon qui
présenterait une large distribution en Afrique tropicale. Stolzia repens var. repens et S. peperomioides
(Kraenzl.) Summerh. étaient les seuls signalés au
Cameroun (Cribb et al. 2000 ; Szlachetko & Olszewski 2001a ; Cribb & Pollard 2004 ; Pollard et
al. 2004). Cribb & Pollard (2004) mentionnent
toutefois un Stolzia sp. nov. mais dont l’échantillon
comporte uniquement des fruits. Deux taxons,
Stolzia repens var. repens et S. elaidum (Lindl.)
Summerh., étaient jusqu’à présent signalés en
Guinée Équatoriale (Olszewski & Szlachetko
1997 ; Govaerts et al. 2007).
Du nouveau matériel a été récolté au cours des
inventaires effectués dans le cadre d’une étude phytogéographique des Orchidaceae en Afrique centrale
atlantique (Stévart 2003) et aussi récemment au
Rwanda (Stévart et al. sous presse).
L’examen des échantillons récoltés au Cameroun
et en Guinée Équatoriale (Rio Muni et Bioko) a
permis de découvrir deux nouveaux taxons décrits
dans cet article. Par ailleurs, un examen de tous les
échantillons provenant d’Afrique centrale conservés
à Bruxelles (BR et BRLU) a également été fait. Cet
examen nous a permis de découvrir de nouvelles
signalisations, de proposer deux néotypifications et
d’élaborer une clef des espèces présentes en Afrique
centrale.
SYSTÉMATIQUE
Genre Stolzia Schltr.
Stolzia grandiflora P.J.Cribb subsp. lejolyana
Stévart, Droissart & Simo, subsp. nov.
Figs 1 ; 2)
Stolzia grandiflora subsp. lejolyana Stévart, Droissart &
Simo inflorescentia 2-flora, floribus minoribus a S. grandiflora
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
P.J.Cribb differt et inflorescentia 2-flora, pedunculo longiore
angustioreque a S. repens (Rolfe) Summerh. differt.
TYPUS. — Guinée Équatoriale (Bioko). Gran Caldeira
de Luba. A montante do campamento e ao longo do
rio na direcçao do Monte Pisarro, 27.II.1990, Carvalho
4265 (holo-, BRLU! ; iso-, MA!).
PARATYPES. — Cameroun. Région de Mbam-Minkom
(au NO de Yaoundé), village de Nyemeyong, sommet
de la colline à l’O du village, exposition S et E, 1160 m,
12.V.2006, Droissart 45 (BRLU!). — Ibid., exposition
W-NW, 1100 m, 15.V.2006, Droissart 79 (BRLU!). —
Ibid., sommet de la colline située au N-NE du village,
1130 m, 3.V.2007, Droissart, Stévart & Simo (Ombrière
de Yaoundé) 499 (BRLU!).
Guinée Équatoriale (Rio Muni). Inselberg à 5 km au NO
du village d’Engong (Parc nat. de Monte Alén), 1200 m,
5.XI.1999, Ndong Bokung & Stévart 116 (BRLU!). — Ibid.,
1110 m, 19.VII.2001, Stévart 1071 (BRLU!). — Ibid.,
1105 m, 11.V.2002, Stévart, Ndong Bokung & Ndong Maye
1423 (BRLU!). — Ibid., 1150 m, 13.V.2002, Stévart,
Ndong Bokung & Ndong Maye 1443 (BRLU!).
DESCRIPTION
Herbe épiphyte rampante, glabre, atteignant 30 cm
de longueur. Pseudobulbes bifoliés de 0,5-2,5 cm de
longueur et jusqu’à 1,5 mm de diamètre, légèrement
épaissis sur 1-1,5 mm au niveau de l’insertion des
feuilles. Racines glabres, charnues, de 0,5 mm de
diamètre. Feuilles elliptiques à obovales, brièvement
pétiolées, subérigées, articulées 1,5 mm au dessus
du pseudobulbe, peu épaissies, planes à apex retus,
8-18 × 3-7 mm, situées juste au dessus de l’insertion
du pseudobulbe suivant.
Inflorescence biflore ; pédoncule cylindrique de
5-10 mm de longueur et 0,3 mm de diamètre ;
bractées florales 2 ou 3, triangulaires, acuminées,
de 1,5-2,3 × 0,4-0,6 mm. Fleurs vertes ou jaunes
avec des stries rouges et mentum rouge ; pédicelle
et ovaire glabres, de 1,5 à 2 mm de longueur. Sépale
médian ovale-triangulaire à étroitement triangulaire,
à apex aigu, 3-nervé, 4,2-6,2 × 1,2-1,3 mm, non
réfléchi. Sépales latéraux obliquement triangulaires
à ovales, à apex aigu, 3-nervés, légèrement carénés,
4,1-6,2 × 1-1,2 mm, légèrement réfléchis, soudés
en un mentum de 1,1-1,8 mm et avec le sépale
médian sur 0,5 mm. Pétales ovales-lancéolés, à apex
aigu, 3-nervés, 3,8-5,5 × 0,8-1,1 mm, non réfléchis.
Labelle entier, 1,8-2,2 × 1-1,3 mm (étalé) ; avec
un onglet situé à la base. Colonne de 1-1,5 mm
27
Droissart V. et al.
8°
9°
10°
11°
12°E
4°N
Bioko
Cameroun
Réserve scientifique
de la Caldera de Luba
3°
Parc national
de Campo-Ma’an
Rio Muni
Parc national
de Monte Alén
2°
1°
FIG. 1. — Distribution de Stolzia grandiflora P.J.Cribb subsp. lejolyana
Stévart, Droissart & Simo ( ) et Stolzia repens (Rolfe) Summerh. var.
cleistogama Stévart, Droissart & Simo (▲) en Afrique centrale.
de longueur, 8 pollinies ovoïdes à obovoïdes de
0,2-0,3 × 0,1 mm.
AFFINITÉ AVEC LES AUTRES TAXONS
Stolzia grandiflora subsp. lejolyana est très proche
de la sous-espèce type, endémique d’Éthiopie et qui
vit en forêt de haute altitude (2500 à 2850 m). On
peut toutefois distinguer morphologiquement cette
nouvelle sous-espèce de la sous-espèce type par son
inflorescence biflore et ses pièces florales plus petites
(Tableau 1). Son habitat est également différent
puisqu’on la rencontre en forêt de moyenne altitude
(1100 à 1200 m). Stolzia grandiflora subsp. lejolyana
se rapproche également de S. repens par la forme et
la coloration de ses fleurs. Son inflorescence a un
pédoncule plus long et plus fin (5-10 mm et 0,3 mm
et non < 2 mm et 1 mm respectivement) et peut
porter simultanément deux fleurs épanouies. Stolzia
repens présente toujours une inflorescence uniflore
(Tableau 1). Les feuilles, de taille et de forme assez
variables, sont de texture moins coriace que les trois
variétés de S. repens. La disjonction géographique
entre la sous-espèce type et la nouvelle sous-espèce
justifie le rang donné à ce nouveau taxon.
DISTRIBUTION
Cette sous-espèce est connue du Cameroun et de
Guinée Équatoriale (Rio Muni et Bioko).
28
STATUT DE CONSERVATION
Critère UICN pour la Liste Rouge : EN B1ab(i,ii,iii,
iv)+2ab(i,ii,iii,iv). Stolzia grandiflora subsp. lejolyana
est actuellement connu de huit échantillons d’herbier collectés dans trois localités en Afrique centrale
(Fig. 1). Au Cameroun, il a été récolté dans une seule
localité de la Province du Centre où il y est fortement menacé (voir note sur le statut conservatoire de
S. repens var. cleistogama). En Guinée Équatoriale, ce
taxon fut collecté à proximité d’une dalle rocheuse
dans le Parc national de Monte Alén. Il n’y semble
pas menacé étant donné l’accès difficile et le statut de
protection de cette localité. Bien que nous n’ayons pas
pu localiser avec une grande précision l’échantillon
collecté à Bioko, la zone où il a été récolté (Caldera
de Luba) est reconnue comme réserve scientifique
par L’UNEP et l’UICN (WDPA Consortium 2007).
Il n’y serait donc également pas menacé.
Selon la méthodologie décrite pour utiliser les critères UICN (IUCN & SSC 2006), la zone d’occurrence est d’environ 36 903 km2 et au sein de celle-ci
la zone d’occupation de Stolzia grandiflora subsp.
lejolyana est de 12 km2. Sa répartition géographique
restreinte et le faible nombre de localités connues,
dont une est fortement menacée, nous amènent à
conclure provisoirement que S. grandiflora subsp.
lejolyana est actuellement en danger au regard de la
catégorie B (répartition géographique) de l’UICN
(IUCN 2001). Il faut toutefois noter que ce taxon
passe très facilement inaperçu et que son observation
n’est donc pas aisée. Plusieurs échantillons de cette
nouvelle sous-espèce sont actuellement en culture
dans l’ombrière de Yaoundé.
ÉCOLOGIE
En Guinée Équatoriale, Stolzia grandiflora subsp.
lejolyana fut récolté dans une végétation submontagnarde (1200 m) dans la frange forestière d’un
inselberg. Au Cameroun, ce taxon fut récolté sur
des arbres isolés ou au sein de la lisière des inselbergs
dans une végétation de type submontagnard. Il y fut
observé à plusieurs reprises à une hauteur comprise
entre 1,5 m et 3 m sur des branches de 2 à 15 cm
de diamètre. Il vit généralement sur des branches
couvertes de mousses avec Bolusiella talbotii (Rendle)
Summerh., Polystachya carnosa P.J.Cribb & Podz.,
P. supfiana Schltr. et P. caloglossa Rchb.f.
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
B
A
C
D
E
FIG. 2. — Stolzia grandiflora P.J.Cribb subsp. lejolyana Stévart, Droissart & Simo, Carvalho 4265 : A, fleur fermée (haut) et fleur ouverte
(bas) vues de profil ; B, sépale médian (gauche), sépale latéral (milieu) et pétale (droite) ; C, plante entière ; D, loge pollinique (opercule)
vue de profil ; E, labelle étalé. Échelles : A, 5 mm ; B, E, 1 mm ; C, 1 cm ; D, 0,5 mm.
ÉTYMOLOGIE
Cette sous-espèce est dédiée au Professeur Jean
Lejoly de l’Université Libre de Bruxelles pour ses
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
travaux scientifiques et son rôle dans la formation
de botanistes qui ont grandement contribué à la
connaissance de la flore africaine.
29
Droissart V. et al.
REMARQUES
Deux échantillons morphologiquement assez proches
de cette nouvelle sous-espèce ont été récoltés à Príncipe
(Stévart 465 et Primo & Stévart 59). Le premier est
stérile et les pièces florales du second sont plus longues
et de forme plus effilée. Ces échantillons incomplets
ne peuvent pas être rattachés au nouveau taxon ici
décrit. Nous espérons que de nouvelles récoltes nous
permettrons de décider de la position taxonomique
de ces spécimens que nous gardons pour le moment
séparés du nouveau taxon décrit.
Stolzia repens (Rolfe) Summerh. var. cleistogama
Stévart, Droissart & Simo, var. nov.
Fig. 3)
A Stolzia repenti var. obtusa G.Will floribus minoribus
perfecte rubroque, sepalis dorsale et lateralibus supra magis
tertiam partim colligatis, dorsale concavo, omnibus petalisque ad extremum non reflexis differt.
TYPUS. — Cameroun. Mbam-Minkom (région au NO
de Yaoundé), village de Nyemeyong, sommet d’une colline au NO du campement, grande prairie à Microdracoides, exposition de NE-S, 03°55,544’N, 11°22,210’E,
1115 m, 13.V.2006, Droissart 68 (holo-, BRLU! ; iso-,
MO!, YA! ).
PARATYPES. — Cameroun. Mbam-Minkom (région au
NO de Yaoundé), village de Nyemeyong, sommet d’une
colline au NO du campement, grande prairie à Microdracoides, exposition de NE-S, 1115 m, 14.IV.2008, Droissart,
Stévart & Simo (Ombrière de Yaoundé) 1002 (BRLU!). —
Mefou, 22 miles Yaoundé on Akonolinga road, 19.X.1968,
Sanford 5204 (YA!). — Akom II (route Kribi-Ebolowa),
campement à 3h de marche au S du village, sommet de la
colline située à l’O du campement, 1065 m, 24.IV.2007,
Droissart & Simo 427 (BRLU!). — Ibid., 24.V.2008,
Simo, Sonké & Taedoumg 51 (BRLU!).
DESCRIPTION
Herbe épiphyte, rampante, glabre, atteignant 20 cm
de longueur. Pseudobulbes bifoliés de 1,5-2,5 cm
de longueur et jusqu’à 1,8-2,5 mm de diamètre,
épaissis sur 2 à 3,5 mm au niveau de l’insertion
des feuilles. Racines glabres, charnues, de 0,7 mm
de diamètre. Feuilles circulaires à oblongue-obovales, planes à apex retus à obtus, charnues, 3-8 ×
2,5-5 mm, situées juste au dessus de l’insertion du
pseudobulbe suivant.
30
Inflorescence uniflore ; pédoncule cylindrique
atteignant 1 mm de longueur et 1 mm de diamètre ;
pédicelle et ovaire d’environ 1 mm de longueur,
couverts de deux bractées triangulaires engainantes de 0,7 mm de longueur. Fleur uniformément
jaune-verdâtre, devenant entièrement rouge avec
l’âge. Sépale médian obovale, à apex obtus et légèrement subapiculé, 3-nervé, 3-3,5 × 1,5 mm, concave
à l’apex, non réfléchi. Sépales latéraux obliquement
ovale-elliptiques, 3-nervés à apex obtus et subapiculé, légèrement carénés à l’apex sur 1 mm, 3,5 ×
2-2,5 mm, non réfléchis, soudés en un mentum
de 1 à 1,5 mm et avec le sépale médian sur 1,5 à
1,8 mm. Pétales lancéolés, à apex obtus, 3-nervés,
non réfléchis, 2,8 × 1,8 mm. Labelle entier, dépourvu
de callus, 2,2 × 1,2 mm (étalé), elliptique à spathulé,
à apex obtus et marges entières, à nervure centrale
proéminente. Colonne de 2 mm de longueur, 8
pollinies obovoïdes de 0,3 × 0,1 mm. Loge pollinique de 0,5 mm. Fruit presque sphérique de
3 mm de diamètre.
AFFINITÉ AVEC LES AUTRES TAXONS
Stolzia repens var. cleistogama s’apparente aux deux
autres variétés de S. repens, lesquelles se différencient
des autres Stolzia par des pseudobulbes à peine
épaissis surmontés de deux feuilles sessiles à subsessiles, moyennement à fortement épaissies, presque
circulaires à obovales et un pédoncule très court
de moins de 2 mm (Tableau 1). La principale différence entre ce nouveau taxon et les deux autres
variétés réside dans les pièces florales plus petites et
toujours non réfléchies, la fleur ne s’ouvrant donc
presque pas. Stolzia repens var. cleistogama, comme la
variété obtusa, présente des pièces florales plus larges
et des pétales à apex obtus ce qui les différencie de
la variété type. La soudure des sépales latéraux avec
le sépale dorsal est plus importante pour S. repens
var. cleistogama (1,5-1,8 mm et non 1 mm), ce qui
explique en partie que la fleur reste presque fermée.
Les différentes variétés de S. repens ont des caractéristiques végétatives et florales qui les rapprochent de
S. williamsonii P.J.Cribb, que nous signalons ici pour
la première fois au Rwanda (Tableau 1). Les fleurs
de cette dernière espèce sont toutefois plus grandes,
le sépale médian mesurant toujours plus de 8,5 mm
(contre maximum 7 mm pour S. repens).
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
B
A
C
D
E
FIG. 3. — Stolzia repens (Rolfe) Summerh. var. cleistogama Stévart, Droissart & Simo, Droissart 68 : A, fleur fermée (haut) et fleur ouverte
(bas) vues de profil ; B, sépale médian (gauche), sépale latéral (milieu) et pétale (droite) ; C, labelle étalé ; D, loge pollinique (opercule)
vue de profil ; E, plante entière. Échelles : A, 5 mm ; B, C, 1 mm ; D, 0,5 mm ; E, 1 cm.
Stolzia repens var. cleistogama présente des fleurs
uniformément jaunes-verdâtres qui deviennent
entièrement rouges avec l’âge. Les pièces florales de
la variété type sont généralement jaunes à brunâtres
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
avec des stries rouges orangées alors que celles de la
variété obtusa varient du jaune au rouge avec une
nervation rouge plus marquée.
Jusqu’à présent, seule Stolzia repens var. repens était
31
Droissart V. et al.
TABLEAU 1. — Caractères distinctifs, répartitions altitudinale et géographique des taxons du genre Stolzia Schltr. présents en Afrique
centrale. Les nouvelles signalisations sont en caractères gras. Les mesures sont en mm.
S. cupuligera
S. elaidum
Pseudobulbe
unifolié, 10-40 × 0,1
bifolié, contracté
unifolié, 20-40 × 3,5-6 unifolié, 5-15 × 6-6,5
en 2 parties, partie
renflée aplatie dorsoventralement,
5-15 × 4-6
Feuille
charnue,
13-55 × 5-10
fine, tridentée à
l’apex, 4-21 × 2-6
fine, 20-55 × 5-12,5
Inflorescence
uniflore, pédoncule
2-4 mm
uniflore, pédoncule
14-45 mm
3-5-flores, pédoncule 2 ou 3-flores,
13-45 mm
pédoncule 8-12
(14) mm
Fleur
brun-rougeâtre
verdâtre
brun-rougeâtre
sépale dorsal et
pétale jaunes avec
stries pourpres,
sépale latéral et
mentum pourpres
Sépale médian
6-8 × 3
6,2-13 × 1,2-2
5 × 1,7
5,2 × 2
Sépales latéraux
6-7 × 2,5-5
8-12 × 2,3-3
5 × 2,2
5,2 × 1,5
Pétales
aigus, 6-7 × 2
aigus, 8,2-13 × 1
aigus, 4 × 1,2
aigus, 6 × 1,2
Labelle
entier, 3,5-4,5 × 2,5
trilobé à marges
entières,
3,3-3,7 × 2.4-2,6
entier, 2 × 1
denticulé, 2,6-3 × 1,2
Nombre d’échantillons
examinés
3
S. peperomioides
subsp.
peperomioides
21
S. peperomioides
subsp. thomensis
fine, 11-30 × 5-14
10
6
Mois de floraison
(nombre
d’échantillons
observés en fleur)
I (1), III (1), V (1)
IX (2), X (4), XII (3)
II (1), VI (1), VIII (1)
I (1), IX (1)
Répartition
altitudinale (m)
1750-2100
145-900
600-1100
1350-1550
Distribution
République
Démocratique du
Congo, Rwanda
Libéria, Nigeria,
Cameroun, Guinée
Équatoriale (Rio
Muni), Gabon,
São Tomé et Príncipe
Cameroun, Guinée
Équatoriale (Rio
Muni), Príncipe,
République
Démocratique du
Congo, Rwanda
São Tomé
signalée au Cameroun. En effet, la variété obtusa
n’est connue que d’Afrique orientale et des zones
montagneuses de la région des grands lacs. Au vu
des échantillons que nous avons observés, la variété
type et la variété obtusa vivent à des altitudes plus
élevées que S. repens var cleistogama (Tableau 1). La
32
co-occurrence de la variété type et de cette nouvelle
variété au Cameroun justifie le rang variétal donné
à ce nouveau taxon.
DISTRIBUTION
Ce taxon est endémique du Cameroun.
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
TABLEAU 1. — Suite.
S. repens
var. repens
S. repens
var. obtusa
S. repens
var. cleistogama
bifolié, 4-16 × 3-5
bifolié, 9-18 × 2-3,5
bifolié, 15-25 × 1,8-2,5 bifolié, 5-25 × 1-1,5
bifolié, 14-40 × 1-3
charnue, 6-8 × 3,5-5
charnue,
6-11 × 4,5-9,5
charnue, 3-8 × 2,5-5
fine à moyennement
charnue, 6-18 × 3-7
fine à charnue,
7-22 × 4-9
uniflore, pédoncule
1-2 mm
uniflore, pédoncule
1-2 mm
uniflore, pédoncule
1 mm
2-flores, pédoncule
5-10 mm
uniflore, pédoncule
1-3 mm
jaune avec stries
rouges
jaune à rouge avec
stries rouges
rouge
verdâtre ou jaune
avec stries rouges
et mentum rouge
brun-rougeâtre
6-7 × 1,5-3
4-7 × 2-2,5
3-3,5 × 1,5
4,2-6,2 × 1,2-1,3
8,5-10 × 3-3,5
4-7,5 × 2-2,5
4-6 × 2,5-3,5
3.5 × 2-2,5
4.1-6.2 × 1,1-1,2
7-8 × 3-4
aigus, 4,5-6,5 × 1-1,5 obtus, 4-6 × 1-2
obtus, 2,8 × 1
aigus,
3,8-5,5 × 0,8-1,1
obtus, 7-8 × 2-2,5
entier, 2,8 × 1,5
entier, 2,2 × 1,2
entier, 1,8-2,2 × 1-1,3 érodé, 3,5 × 1,2
entier, 2,5-3 × 1-1,3
5
5
4
S. grandiflora
subsp. lejolyana
8
S. williamsonii
3
V (2), VI (2), X (1)
I (1), VI (1), XI (3)
IV (2), V (2)
II (1), V (5), XI (1)
II (1), VI (1), VII (1)
1650-2300
1550-?
1000-1150
1100-1200
2150-2620
Afrique tropicale
République
Démocratique du
Congo, Rwanda,
Burundi, Malawi,
Zimbabwe, Kenya
Cameroun
Cameroun, Guinée
République
Équatoriale (Rio Muni Démocratique du
et Bioko)
Congo, Rwanda,
Tanzanie, Malawi
STATUT DE CONSERVATION
Critère UICN pour la Liste Rouge : EN B1ab(i,ii,
iii,iv)+2 ab(i,ii,iii,iv). Stolzia repens var. cleistogama
est actuellement connu de cinq échantillons d’herbier collectés dans trois localités en Afrique centrale
(Fig. 1). Il a été récolté récemment dans la Province
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
du Centre à 30 km au NO de Yaoundé. Bien qu’il
s’agisse d’une des dernières forêts primaires du centre
du Cameroun, le massif de Mbam Minkom ne fait
actuellement l’objet d’aucun programme de conservation (Simo et al. sous presse). Plusieurs inventaires
réalisés ces dernières années ont cependant révélé
33
Droissart V. et al.
l’intérêt des collines des environs de Yaoundé en
terme de biodiversité (Achoundong 1996 ; Sonké &
Stoffelen 2004 ; Sonké et al. 2006). Cependant, la
pression démographique due à la proximité de la
capitale camerounaise met en danger sa conservation.
Le site où ont été récoltés les deux nouveaux taxons
ici décrits est entouré de villages. La destruction des
forêts pour le bois d’œuvre, de chauffage ainsi que
pour l’agriculture constitue la plus grande menace.
Les inselbergs situés au sommet des collines sont
des milieux bénéficiant d’une relative protection car
ils sont souvent impropres à la culture. Cependant
ces inselbergs sont régulièrement parcourus par des
incendies accidentels ou volontaires du fait de leur
proximité avec des zones de culture récemment défrichées. Compte tenu de la présence d’espèces rares
dans le massif de Mbam Minkom, il est urgent qu’une
stratégie de conservation soit rapidement définie. Par
ailleurs, la localité indiquée pour l’échantillon récolté
par Sanford en 1968 est peu précise et ne permet
pas d’évaluer les menaces qui pèsent sur le site de
récolte. Toutefois, la proximité de la capitale et d’une
route bitumée laisse à penser que l’espèce pourrait
être menacée dans cette localité. Enfin, cette espèce
fut également récoltée en 2006 dans la Province du
Sud, en bordure du Parc national de Campo-Ma’an.
Elle a été collectée au sommet d’une colline située à
environ 3 heures de marche du premier village et y
paraît donc moins menacée.
La zone d’occurrence de Stolzia repens var cleistogama est d’environ 3462 km2 et au sein de celle-ci
sa zone d’occupation est de 12 km2. Les données
actuelles indiquent une aire de répartition restreinte à trois localités, dont deux situées près de
Yaoundé seraient fortement menacées. Cela nous
amène à évaluer provisoirement ce taxon comme
en danger au regard de la catégorie B (répartition
géographique) de l’UICN (IUCN 2001). Comme
pour S. grandiflora subsp. lejolyana, cette espèce est
difficile à observer en raison de sa petite taille et a
donc pu passer inaperçue aux yeux des botanistes.
Plusieurs échantillons de ce taxon sont actuellement
en culture dans l’ombrière de Yaoundé.
ÉCOLOGIE
Épiphyte sur Psydrax parviflora (Afzel.) Bridson
subsp. parviflora (Rubiaceae) sur une branche de
34
3-4 cm de diamètre couverte de mousse à une
hauteur d’environ 1,2 m du sol dans le manteau
arbustif d’un inselberg. L’espèce y fut collectée avec
deux autres Orchidaceae, Angraecum eichlerianum
var. curvicalcaratum Szlach. & Olszewski et Polystachya tessellata Lindl., ainsi qu’une Lentibulariaceae,
Utricularia mannii Oliv.
ÉTYMOLOGIE
Ce nouveau taxon doit son nom à la morphologie
de ses sépales qui explique que la fleur ne s’ouvre
pratiquement pas et garde donc l’aspect d’un bouton non épanoui.
REMARQUES
Nous n’avons pas pu examiner le matériel récolté
au Cameroun et identifié comme Stolzia repens
var. repens par Cribb et al. (2000), Cribb & Pollard
(2004) et Pollard et al. (2004) ainsi que les récoltes
du Ghana et du Nigeria. Toutefois nous avons pu
observer à l’Herbier National du Cameroun trois
échantillons se rapportant à la variété type (Bokwe
255, SCA 2099 et B.E.S.H.M. 182).
L’échantillon Sanford 5204 cité dans les paratypes
ne présentait plus de fleurs. D’après les notes du
récolteur, les fleurs seraient de couleur rouge-orange
et sont souvent cléistogames. Compte tenu également
du lieu de récolte de cet échantillon, il est presque
certain qu’il se rapporte à cette nouvelle variété.
NÉOTYPIFICATION
DE STOLZIA CUPULIGERA
ET STOLZIA PEPEROMIOIDES
Stolzia cupuligera (Kraenzl.) Summerh.
Kew Bulletin 8: 142 (1953). — Bulbophyllum cupuligerum
Kraenzl., Botanische Jahrbücher für Systematik, Pflanzengeschichte und Pflanzengeographie 43: 342 (1909). — Néotype
(désigné ici) : Rwanda, Nyungwe, route Rangiro, 1750 m,
5.I.1994, Delepierre 20 (holo-, BR!).
Stolzia diffusa Summerh., Kew Bulletin 8: 143 (1953). —
Type : République Démocratique du Congo, lacs
Édouard et Kivu, Mts Ruwensori, Lanuri, 1800 m,
V.1914, Bequaert 4492 (holo-, BR! ; iso-, K!).
Stolzia cupuligera auct. non (Kraenzl.) Summerh. — Geerinck in Bamps, Flore d’Afrique Centrale, Orchidaceae
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
2: 375 (1992) p.p. quoad Babilon 267, Bamps 3224,
Defleur 10, Humbert 8140, Schaijes 1608. — Geerinck
in Troupin, Flore du Rwanda 4: 623 (1986) p.p. quoad
Bamps 3224.
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — République Démocratique du Congo. Territoire Kalehe, Biama, 2100 m,
25.III.1959, Léonard 3590 (BR!).
DISTRIBUTION
République Démocratique du Congo et Rwanda.
REMARQUES
Suite à la destruction du type de Stolzia cupuligera
et la publication d’un dessin ne correspondant pas
au protologue, une grande confusion régnait quant
à l’identité et la validité de ce taxon, parfois considéré comme unifolié (Cribb 1978) et d’autres fois
comme bifolié (Geerinck 1988, 1992 ; Stévart &
Cribb 2004). En effet, l’échantillon type (Mildbraed
951) fut détruit à Berlin durant la seconde guerre
mondiale. La description faite par Kraenzlin (1909)
est assez sommaire et mentionne une plante unifoliée, dont les feuilles sont brièvement pétiolées à
subsessiles, brévispatulées à orbiculaires et mesurent
1,3 × 0,7-0,8 mm. Les inflorescences sont courtes
(2-3 mm) et uniflores.
Selon Geerinck (1992) et la World Checklist of
Orchidaceae (Govaerts et al. 2007), Stolzia diffusa
est un synonyme de S. peperomioides. Nous ne suivons pas cet avis car S. diffusa se distingue aisément
de S. peperomioides par ses feuilles charnues (non
fines) et son pédoncule très court de 3 à 4 mm (non
8-45 mm) ne portant qu’une seule fleur (non 3 à
5 pour S. peperomioides).
Par ailleurs, en 1910, dans les comptes rendus
botaniques des expéditions du Duc de Mecklenburg’s
(Kraenzlin 1910), un dessin représentant une plante
bifoliée accompagne la description faite par Kraenzlin
un an plus tôt. Comme le font remarquer Summerhayes (1953) et Cribb (1978), la plante dessinée
semble se rapprocher plus de Stolzia repens que de
S. cupuligera telle que décrite par Kraenzlin. Nous
avons suivi ces auteurs.
Finalement, Cribb (1978) considérait Stolzia diffusa et S. cupuligera comme conspécifiques, la seule
différence se situant au niveau des feuilles qui sont
plus grandes (2 à 5,5 cm contre 1,3 cm) chez S. difADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
fusa. Cependant, la description de Kraenzlin n’est
basée sur l’observation que d’un seul échantillon. De
plus, les types de ces deux espèces ont été collectés
au Rwanda et en République Démocratique du
Congo à des altitudes similaires et dans des régions
assez proches (Bequaert 4492, Lanuri, 1800 m, et
Mildbraed 951, forêt de Rugege, 1900 m). Il est
donc très probable qu’elles ne représentent qu’un
seul taxon et comme Cribb (1978), nous considérons
S. diffusa comme un synonyme de S. cupuligera.
La récolte d’un échantillon, Delepierre 20, conforme
au protologue de Stolzia cupuligera, dans une localité
voisine de celle où fut récolté le type détruit, nous
permet de néotypifier cette espèce. Une aquarelle
déposée à BR ne mentionnant pas de numéro de
récolte mais une localité identique au néotype a
vraisemblablement été dessinée à partir de l’échantillon vivant.
Stolzia cupuligera n’est donc connu que du Rwanda
et de la République Démocratique du Congo. Il
n’est jusqu’à présent pas connu du Burundi comme
le suggèrent Geerinck (1992) et Govaerts et al.
(2007) car les échantillons identifiés par Geerinck
comme étant S. cupuligera, qu’il pensait être bifolié, sont ici considérés comme étant S. repens var.
repens (Humbert 8140), S. repens var. obtusa (Schaijes
1608, Babilon 267) et S. williamsonii (Defleur 10,
Bamps 3224).
Stolzia peperomioides (Kraenzl.) Summerh.
Kew Bulletin 8: 142 (1953). — Néotype (désigné ici) :
République Démocratique du Congo, Forestier Central,
Kampiassa bulango, Penghe-Irumu, 25.II.1914, Bequaert
2777 (BR!).
Stolzia peperomioides (Kraenzl.) Summerh.
subsp. peperomioides
Bulbophyllum peperomioides Kraenzl., Botanische Jahrbücher für Systematik, Pflanzengeschichte und Pflanzengeographie 43: 341 (1909).
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — République Démocratique
du Congo. Province du Kivu, Territoire Kelehe, km 110,
route Kavumu-Walikale, Irangi Catena II 30 m, 900 m,
21.I.1957, Christiaensen 2003 (BR!).
Cameroun. Akom II (route Kribi-Ebolowa). Campement
à 3h de marche au S du village, sommet de la colline située
35
Droissart V. et al.
à l’O du campement, 1065 m, 1.VI.2006, Droissart 96
(BRLU!) ; Droissart 101 (BRLU!). — Ibid., 1000 m,
6.III.2004, Stévart & Droissart 2090 (BRLU!). — Ibid.,
1050 m, 7.III.2004, Stévart & Droissart 2121 (BRLU!).
Guinée Équatoriale (Rio Muni). Inselberg à 5 km
au NO du village d’Engong (Parc national de Monte
Alén), 1100 m, 8.VIII.2001, Ndong Bokung & Stévart
388 (BRLU!). — Ibid., 26.V.2002, Ndong Bokung &
Stévart 461 (BRLU!). — Ibid., 21.VII.2001, Stévart
1009 (BRLU!).
São Tomé et Príncipe (Príncipe). Chemin du Pico
de Príncipe (plateau), 600 m, 1.IX.1999, Stévart 646
(BRLU!).
DISTRIBUTION
Cameroun, Rio Muni, Príncipe, République Démocratique du Congo et Rwanda.
REMARQUES
Stolzia peperomioides a été décrit par Kraenzlin
en même temps que S. cupuligera. Comme pour
cette dernière espèce le type (Milbraed 2814) fut
détruit durant l’incendie de l’herbier de Berlin.
Nous avons trouvé à BR un échantillon (Bequaert
2777) qui correspond parfaitement au protologue
de S. peperomioides et au dessin qui accompagnait
la même description un an plus tard (Kraenzlin
1910). Le type détruit et l’échantillon Bequaert
2777 ayant de plus été récoltés dans des habitats
similaires situés au maximum à 150 km l’un de
l’autre, nous avons décidé de l’utiliser pour néotypifier S. peperomioides.
Stolzia peperomioides a été récemment signalé dans
l’ouest du Cameroun par Cribb & Pollard (2004).
Cette espèce est ici nouvellement signalée en Guinée
Équatoriale (Rio Muni) et à Príncipe. L’échantillon
de Príncipe est stérile mais le port correspond à
cette espèce et il a été récolté dans une végétation
typiquement submontagnarde (voir Remarques de
la sous-espèce thomensis), ce qui nous amène à le
rattacher à la sous-espèce type.
Stolzia peperomioides (Kraenzl.) Summerh.
subsp. thomensis (Stévart & P.J.Cribb) Stévart,
Droissart & Simo, comb. et stat. nov.
Stolzia thomensis Stévart & P.J.Cribb, Kew Bulletin 59:
83 (2004). — Type : São Tomé (São Tomé et Prín-
36
cipe), Calvario, 1550 m, Primo & Stévart 1 (holo-,
K! ; iso-, BRLU!).
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — São Tomé et Príncipe
(São Tomé). Escadas, 1350 m, de Oliveira 1999/112
(BRLU!). — Pico de Ana Chavez, 1400 m, 4.I.1998,
Stévart 360 (BRLU!). — Calvario, 1450 m, 1.IX.1998,
Stévart 492 (BRLU!) ; Stévart 1891 (BRLU!). — S.l.,
cult. Wagenningen greenhouse (nº 1980PTST093),
20.XI.1981, van der Laan 446 (WAG!).
DISTRIBUTION
Endémique de São Tomé.
REMARQUES
La néotypification de la sous-espèce type a permis
de mettre en évidence sa forte similitude avec une
espèce de São Tomé récemment décrite (Stévart &
Cribb 2004). Une nouvelle combinaison est donc
proposée, Stolzia peperomioides subsp. thomensis
La sous-espèce type et la sous-espèce thomensis sont très semblables et il nous est diffi cile
actuellement d’affirmer avec certitude qu’elles
ne forment pas un seul taxon. En effet, le seul
critère morphologique permettant de les différencier avec certitude est la structure de l’inflorescence. Celle-ci présente un pédoncule plus long
(13-45 mm contre 8-12 mm), moins épaissi et
semble porter plus de fleurs chez la sous-espèce
type (Tableau 1). Cependant, l’échantillon van der
Laan 446 récolté à São Tomé présente un pédoncule allant jusqu’à 14 mm. Stolzia peperomioides
subsp. peperomioides est un taxon de l’étage submontagnard qui n’a jusqu’à présent pas été récolté
au dessus de 1100 m. Stolzia peperomioides subsp.
thomensis est quant à lui très fréquent dans les
forêts de l’étage montagnard qui se développent
à São Tomé entre 1400 et 2000 m d’altitude. Il
est totalement absent des étages inférieurs de
végétation de l’île. Les distributions géographiques et écologiques de ces deux taxons semblent
indiquer une spéciation relativement récente de
l’étage submontagnard vers l’étage montagnard.
Il est actuellement impossible de dire si la population de la sous-espèce type de S. peperomioides
présente à Príncipe est relictuelle ou est le résultat
d’une dissémination récente.
L’étude du patrimoine génétique des différentes
populations et sous-espèces de S. peperomioides
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
devrait permettre de trancher quant à la validité de
ces deux taxons et de mieux comprendre l’histoire
évolutive de cette espèce au sein des îles du Golfe
de Guinée.
NOUVELLES SIGNALISATIONS
Stolzia elaidum (Lindl.) Summerh.
Kew Bulletin 17: 557 (1964). — Bulbophyllum elaidum
Lindl., Journal of the Proceedings of the Linnean Society,
Botany 6: 127 (1862). — Phyllorkis elaidium (Lindl.)
Kuntze, Revisio Generum Plantarum 2: 677 (1891). —
Type : Nigeria, Brass, Barter 73 (lecto-, K ; désigné par
Cribb 1978).
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — Liberia. Sino, Sapo NP,
buffer zone, around Jelaytown, 145 m, 26.XI.2002,
Jongkind 5447 (WAG!).
Cameroun. Bidjouka (massif de Ngovayang), campement à 1h30 de marche au NNO du village, le long
d’un sentier à environ 2h30 de marche au NO du campement, 675 m, 18.VI.2006, Droissart 177 (BRLU!). —
Bidou III/Nkolembonda (route Kribi-Ebolowa), Mt
des Éléphants, montée vers le sommet, versant S-SE,
220 m, 5.VII.2006, Droissart 183 (BRLU!). — Ibid.,
sommet du Mt des Éléphants, 445 m, 6.VII.2006,
Droissart 189 (BRLU!). — Ibid., 23.V.2007, Droissart
& Simo 547 (BRLU!). — Akom II (route Kribi-Ebolowa), campement à 3h de marche au S du village, sur
une piste de chasseur entre le village et le campement,
640 m, 28.VI.2007, Droissart 600 (BRLU!). — Ibid.,
aux alentours du campement, à 10 m de part et d’autre
de la rivière, 705 m, 11.I.2008, Droissart, Stévart & Simo
(Ombrière de Yaoundé) 905 (BRLU!).
Gabon. Kinguélé (route entre Tchimbélé et Kinguélé),
300 m, 1.X.1997, Biteau & Stévart 61 (BRLU!). —
Mont Mbilan (rivière), 200 m, 8.XII.2002, Stévart
1659 (BRLU!). — Ibid., 180 m, 8.XII.2002, Stévart
1660 (BRLU!). — Mont Mbilan (descente de la rivière),
200 m, 21.X.2002, Stévart 1760 (BRLU!). — Tchimbélé, forêt aux environs du barrage, 460 m, 8.XII.2002,
Stévart 1661 (BRLU!).
São Tomé et Príncipe (Príncipe). Pico a Mesa, about
2 km S of plantation Maria Correia, 200 m, 7.II.1980,
de Wilde, Arends & Groenendijk 414 (WAG!). — Pico
Papagaio, 600 m, Exell 727 (BRLU!). — Chemin du
Pico de Príncipe (plateau), 600-650 m, 18.IX.2002,
Primo & Stévart 84 (BRLU!). — Ibid., 550 m, 6.X.1997,
Stévart 228 (BRLU!). — Ibid., 1.IX.1998, Stévart 521
(BRLU!).
São Tomé et Príncipe (São Tomé). Nova Ceilão, 890 m,
11.X.1997, Stévart 269 (BRLU!). — Bombaim, 450 m,
1.XI.1998, Stévart 458 (BRLU!).
ADANSONIA, sér. 3 • 2009 • 31 (1)
DISTRIBUTION
Liberia, Nigeria, Cameroun, Príncipe, São Tomé,
Guinée Équatoriale (Rio Muni), Gabon.
REMARQUES
Nous avons récemment récolté plusieurs échantillons
de cette espèce dans la Province du Sud au Cameroun.
Un des échantillons mis en culture dans l’ombrière à
Yaoundé a fleuri en janvier 2008 (Droissart, Stévart &
Simo 905). Plusieurs échantillons stériles avaient été
récoltés auparavant (Droissart 177, 183, 189, 600
et Droissart & Simo 547). Il s’agit de sa première
signalisation dans ce pays. L’échantillon Biteau &
Stévart 61 possède une inflorescence et des fleurs
presque deux fois plus grandes que ce qui est observé
sur tous les autres échantillons examinés. Cependant, cet échantillon est unique et insuffisant pour
nous permettre de prendre une décision quant à sa
position taxonomique. Du matériel supplémentaire
serait donc indispensable pour clarifier ce point.
Stolzia repens var. obtusa G.Will.
Journal of South African Botany 46: 333 (1980). —
Type : Zimbabwe, Eastern Prov., N and NE faces of
Castle Beacon, Umtali, I.1976, J. S. Ball 1398 (holo-,
SRGH).
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — République Démocratique du Congo. Haut-Katanga, piste Tenke-Kando,
18.XI.1982, Schaijes 1608 (BR!).
Rwanda. Marais Kamiranjovu, I.1990, Babilon 267
(BR!). — Nyungwe, km 74, 7.XI.2005, Delepierre 155
(BR!).
Burundi. Gasebeyi-Mabayi, 16.XI.1911, Arbonier 277
(BR!).
Kenya. Kakamega District, Kakamega Forest, Buyangu,
1550 m, 6.VI.1997, Bytebier 586 (BR!).
DISTRIBUTION
République Démocratique du Congo, Rwanda,
Burundi, Malawi et Zimbabwe.
REMARQUES
Cette espèce n’était connue que du Malawi et du
Zimbabwe. Elle est maintenant signalée en République Démocratique du Congo, au Rwanda, au
Burundi et au Kenya. Les échantillons Schaijes
1608, Babilon 267 et Arbonier 277 étaient identifiés
37
Droissart V. et al.
par Geerinck (1992: 375, 376) comme Stolzia
cupuligera. Un examen détaillé de ces échantillons
nous permet de conclure qu’ils n’ont pas été correctement identifiés et qu’ils appartiennent bien à
Stolzia repens var. obtusa.
Stolzia williamsonii P.J.Cribb
Kew Bulletin 33: 88 (1978). — Type : Malawi, Northern
Region, Rumphi Distr., Nyika Plateau, Kasaramba Forest,
II.1968, Williamson, Ball & Simon 370 (holo-, K).
AUTRE MATÉRIEL EXAMINÉ. — République Démocratique
du Congo. Mount Tshiaberimu, North of Kalibina River
Base Camp, 2620 m, 5.VII.1997, Bytebier 936 (BR!).
Rwanda. Gisovu, Préfecture Kibuye, 2150 m, 22.II.1972,
Bamps 3224 (BR!). — Gishwati, Région Gisenyi Kibuye,
VI.1990, Defleur 10 (BRLU!).
DISTRIBUTION
République Démocratique du Congo, Rwanda,
Tanzanie et Malawi.
REMARQUES
Cette espèce n’était connue que de la Tanzanie et
du Malawi, elle est maintenant signalée au Rwanda
et en République Démocratique du Congo. Les
échantillons Bamps 3224 et Defleur 10 étaient
identifiés par Geerinck (1992: 375, 376) comme
Stolzia cupuligera. Le dessin présenté par le même
auteur dans la flore du Rwanda (Geerinck 1988:
622) correspond à S. williamsonii. Les nouveaux
échantillons cités ci-dessus possèdent des feuilles
à texture relativement coriace alors que le protologue de S. williamsonii décrit les feuilles comme
« thin-textured ».
CLÉ D’IDENTIFICATION DES TAXONS DU GENRE STOLZIA SCHLTR. PRÉSENTS EN AFRIQUE CENTRALE
1. Pseudobulbes unifoliés ............................................................................................... 2
— Pseudobulbes bifoliés .................................................................................................. 4
2. Inflorescence uniflore ; pédoncule long de 2 à 4 mm ; labelle à marges entières ; feuille de
texture épaisse/coriace ............................................................................... S. cupuligera
— Inflorescence pauciflore ; pédoncule de plus de 8 mm ; labelle à marges denticulées ; feuille
de texture fine/souple ................................................................................................. 3
3. Pédoncule épaissi de plus de 13 mm de longueur ; 3 à 5 fleurs .......................................
............................................................................ S. peperomioides subsp. peperomioides
— Pédoncule fin atteignant 12 mm de longueur (14, sur 1 échantillon) ; 2 à 3 fleurs .........
................................................................................... S. peperomioides subsp. thomensis
4. Pseudobulbe contracté en 2 parties ; apex des feuilles tridenté ; labelle trilobé ... S. elaidum
— Pseudobulbe entier ; apex des feuilles non tridenté ; labelle simple .............................. 5
5. Inflorescence pauciflore ; pédoncule de plus de 5 mm de longueur ................................
........................................................................................ S. grandiflora subsp. lejolyana
— Inflorescence uniflore ; pédoncule de moins de 3 mm de longueur ............................. 6
6. Sépale dorsal de plus de 8,5 mm de longueur ; fleur non résupinée brun-rougeâtre ........
.............................................................................................................. S. williamsonii
— Sépale dorsal atteignant 7 mm de longueur ; fleur résupinée jaune, orange ou rouge vif ... 7
7. Sépales dorsal et latéral soudés sur plus de 1,5 mm de longueur ; fleur de couleur uniforme
jaune-verdâtre à rouge ; pièces florales non réfléchies atteignant 3,5 mm ........................
................................................................................................ S. repens var. cleistogama
— Sépales dorsal et latéral soudés sur moins d’1 mm ; fleur jaune à rouge avec une nervation
rouge plus marquée ; pièces florales réfléchies de plus de 4 mm ................................... 8
8. Pièces florales à apex aigu ................................................................ S. repens var. repens
— Pièces florales à apex obtus ............................................................. S. repens var. obtusa
38
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Stolzia (Orchidaceae) en Afrique centrale
Remerciements
Nous tenons à remercier le Professeur Jean Lejoly de
l’Université Libre de Bruxelles pour l’accueil dans
son laboratoire, Daniel Geerinck pour la traduction
des diagnoses latines et pour ses commentaires, le
Dr P. J. Cribb pour son aide à la détermination de
nos échantillons lors de nos séjours à Kew Gardens.
Nous adressons également nos remerciements au
directeur de l’herbier de BR pour avoir permis l’accès aux collections. Le séjour de Murielle Simo en
Belgique en 2007 a été financé par l’Institut royal
des Sciences naturelles de Belgique (RBINS) via le
projet Global Taxonomy Initiative. Les missions de
terrain effectuées dans le cadre de ce travail ont été
réalisées grâce au soutien financier et logistique du
Projet ECOFAC (CE, DG8), du Projet DIVEAC
(CUD-ULB), du Projet Sud Expert Plante nº 375
(Ministère français des Affaires Étrangères), du
FNRS, du Fonds Van Buuren, de la Communauté
française de Belgique et du Fonds Léopold III.
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accepté le 18 février 2009.
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