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Introduction

«Je tiens le loup par les oreilles » 1. Ainsi Tibère résumait-il les difficultés rencontrées au début de son règne. En effet, le nouveau

princeps dut faire face simultanément à un imposteur et à un conspirateur : un faux petit-fils d’Auguste apparut2, pendant que L. Scribonius Drusus Libo, descendant de Pompée et cousin des Césars, faisait les frais d’une accusation qui l’écartait de la scène politique; dans le même temps, les légions de Germanie se déclaraient en faveur de Germanicus, qu’elles réclamaient comme empereur3. Et pourtant, malgré ces manifestations de méfiance, le pouvoir suprême restait aux mains des Julio-Claudiens. La paix civile demeurait, une paix parfois sanglante, comme le résume Tacite par l’oxymore audacieux pax cruenta4. Paix sanglante, parce qu’émaillée d’épisodes dramatiques, parmi lesquels les conspirations. Partant de la singulière contradiction entre l’existence de nombreuses conspirations et la stabilité de la dynastie, nous nous sommes interrogée sur la nature profonde de ces épisodes. Si la première succession au Principat donna lieu à des conspirations, c’est bien qu’elles étaient des contestations soit du Principat, soit de l’empereur, soit de la famille impériale. Inversement, par la suite, lorsqu’une conspiration était découverte, l’empereur profitait du moment pour assurer sa propre position, et pour insister sur la valeur et la force de la domus regnatrix. Les conspirations nous sont donc apparues comme les accidents de fonctionnement qui mettent au premier plan la question de la légitimité. La mise en série de toutes les conspirations décelables dans une période donnée offrait donc une perspective de recherche. La démarche qui nous a guidée a toujours été claire : notre but n’était pas de donner une prosopographie des conspirateurs5, ni de