IX.- NOTES SUR LES GRAMINÉES D'AFRIQDE TROPICALE «>
Par H. JACQUES-FÉLIX.
■
Le genre Axonopus.
L'extension de ce genre est essentiellement américaine avec 50 espèces environ, dont certaines, il est vrai, assez peu distinctes. L'une d'elles, A. compressus P. B. répandue en Amérique même, existe aussi à peu près dans tous les pays intertropicaux du globe, soit qu'elle y ait été introduite .sciemment soit qu'elle y existe spontanément.
En Afrique occidentale c'est sous ce nom que l'on désignait jusqu'alors un Axonopus typique de beaucoup des sols marécageux où il forme des peuplements denses. Au cours d'un voyage récent en Guinée française je me suis aperçu qu'il existait, en réalité, deux Axonopus distincts par leur morphologie et leur biologie.
L'Axonopus de marécage, bien que stolinifère et gazonnant, est une plante robuste formant aussi des touffes cespiteuses à chaumes relativement grossiers pouvant atteindre 1 m. de haut. C'est cette forme qui est la plus connue, la plus couramment récoltée et que l'on assimilait à Axonopus compressm P. B. La description de Stapf (F.T.A., p. 566) comporte manifestement beaucoup des caractères de cette forme. Sans doute pouvait-on s'étonner que ce soit là le « Carpet grass » des Américains, préconisé comme pâturage et comme gazon alors que, s'il est effectivement consommé par le bétail à l'état jeune, il est rapidement délaissé dès qu'il monte à chaumes; il ne pourrait ainsi constituer que des pelouses grossières.
L'autre forme paraît avoir des exigences beaucoup moins étroites en ce qui concerne le terrain. Si elle affectionne les sols frais on peut la voir çà et là en dehors des marécages sans qu'elle affronte cependant les savanes incendiées. Elle forme un gazon beaucoup plus bas et plus fin. Ses différents caractères sont parfaitement conformes à ceux d'A. compressus P. B.
Agnès Chase (1) la spécialiste des graminées américaines, de qui j'ai tout d'abord sollicité des renseignements, a bien voulu confirmer ma détermination concernant VA. compressus P. B. et m'indiquer que l'autre forme se rapportait vraisemblablement à celle que Henrard avait précédemment décrite, sur du matériel du Congo (Hens) et de Guinée française (Pobéguin), comme sous-espèce : A. compressus P. B. subsp. con- goensis Henr.
(1) Je remercie Miss Agnès Chase du Muséum National U.S. de Washington, M. le Directeur Robyns et MM. Troupin et Van Der Veken du Jardin Botanique de l'Etat à Bruxelles pour avoir bien voulu comparer mon matériel et me fournir des renseignements précieux sur cette question.
JOURNAL D'AGRIC. TROPICALE ET DE BOTANIQUE APPLIQUÉE, T. IV, N° 3-4, MARS-AVRIL 1957
