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Comptes rendus de la Session extraordinaire de la Société botanique de France en Poitou

118ème session. 29 juin -3 juillet 1986 par Y. Baron

Présentation de la région

Le seuil du Poitou, qui s’inscrit assez bien à l’intérieur du département de la Vienne, est constitué de dépôts sédimen-taires séparant les massifs cristallins de la Gâtine, au nord-ouest, et du Limousin au sud-est. L’altitude s’échelonne entre 35 mètres au confluent Vienne-Creuse et 233 mètres près de l’Isle-Jourdain.

Le climat est de type atlantique à subsécheresse estivale et à pluviosité modérée, tombant au-dessous de 600 mm au nord, sans excéder 900 mm dans le sud-est.

Dans ces conditions, la plus grande partie du terrain est occupée par les séries du chêne sessile (grands massifs sur ter¬ rains de transport des plateaux, au sud et à l’est), du chêne pédonculé (boqueteaux, à potentialité sessile, de ces mêmes ter¬ rains, massifs sur sables du quart nord-ouest, bas de versants un peu partout), et du chêne pubescent (milieux arides sur cal¬ caire, mais aussi sur silice).

La série du hêtre est au contraire très fragmentaire, faute d’une pluviosité suffisante (quelques individus, probablement spontanés, et divers éléments du cortège, sur certains versants mal exposés). Des hêtraies plus ou moins mixtes existent cependant en Deux-Sèvres et Charente (forêts de Chizé, Aulnay, Braconne), où elles marquent la limite sud de l’espèce en France planitiaire, mais à la faveur d’une pluviosité locale proche de 900 mm. On le trouve aussi en forêt domaniale, mais planté comme essence d’accompagnement.

Enfin, différents types d’aulnaies occupent les fonds de vallée, où les tourbières neutres, autrefois fréquentes, sont aujourd’hui partout asséchées.

Les quatre cortèges floristiques les plus représentés sont :

* le cortège eurasiatique tempéré, de loin le plus riche ;

* le cortège atlantique, avec quelques lacunes : absence de Gale palustris, Narthecium ossifragum, Erica ciliaris, rareté de Quercus pyrenaica, Arenaria montana, espèces pour la plu¬ part pourtant bien représentées au sud de la Charente mari¬ time ou la région nantaise. La Gâtine aurait été pour Rallet un obstacle à leur pénétration vers l’est encore sensible en Brenne, et l’altitude modeste de ce petit massif peut suffire en tout cas pour arrêter une partie des pluies et déterminer le déficit de précipitations évoqué ci-dessus ;

* le cortège méditerranéen, encore très fourni en Poitou, Poitiers marquant pratiquement la limite nord pour le chêne-vert, Phillyrea latifolia, Celtis australis, Acer monspessulanum, Sedum sediforme, Sedum ochroleucum, Serapias lingua, Ophrys fusca ;

* le cortège montagnard, auquel peuvent être rattachées une cin¬ quantaine d’espèces, grâce notamment à la proximité du Massif Central : Poa chaixi, Festuca paniculata ssp spadicea, Geranium silvaticum, Doronicum pardalianches ne dépassent

J. Bot. Soc. Bot. France 6 : 5-14 (1998)

pas les confins du Limousin, Lilium martagon, Aconitum lycoc-tonum ssp vulparia s’arrêtent aux portes de Poitiers (Fig. 1).

Les cinq journées furent consacrées comme prévu à cinq circuits organisés autant que possible autour d’un thème domi¬ nant.

Journée du dimanche 29 juin

Argiles tertiaires, marnes cénomaniennes, calcaires juras¬ siques. Circuit au nord-est de Poitiers : Réserve du Pinail, suintements marneux du Mille-Bois (Bonneuil-Matours), coteaux calcaires du Trait (Bonnes) et d’Ensoulesse (Montamisé).

Au passage, les congressistes pouvaient découvrir suc¬ cessivement les châteaux de Vayres, Dissay, du Fou, de Touffou, et ceux de Chauvigny, composant sur la ville haute un ensemble de ruines imposant autour de la prestigieuse église St-Pierre.

1 - Le Pinail

La matinée entière était nécessaire à l’exploration de la Réserve Naturelle du Pinail, au nord de la forêt de Moulière, créée d’urgence en 1980, aux Moulières Neuves, sur 135 des 800 hectares de landes à bruyères et ajoncs criblés de fosses d’extraction de meulière, alors en cours d’enrésinement.

Cet ensemble est, avec le camp de Montmorillon, l’un des derniers vestiges significatifs de la brande du Poitou, résultant de la surexploitation sur toute la période historique de la forêt primitive sur terrains de transport (argiles plus ou moins sableuses). Sur un sol dégradé en pseudogley, domine Erica scoparia (ou brande), espèce méditerranéo-atlantique, qui se raréfie rapidement plus au nord, accompagnée de :

U le: c minor Calluna vulgaris Erica cinerea Erica tetralix Molinia caerulea Dactylorhiza maculata Pedicularis silvatica Lobelia urens.

L’intérêt se porta surtout sur les milieux humides, et d’abord sur les eaux temporaires des dépressions du chemin d’accès ou de ses abords (notamment la vaste mare tempo¬ raire dite “ Le Lac ”) offrant :

Deschampsia setacea Salix repens

Baldellia ranunculoides.

Les fosses d’extraction de meulière, généralement pro¬ fondes et toujours en eau, sont généralement colonisées par :